C’est le beau temps pour les Bourses après la tempête. Fortement perturbés la semaine dernière en raison de la crise grecque, les marchés financiers européens et asiatiques semblaient reprendre hier. Ils ont démarré dans le vert. La thérapie de choc adoptée par les pays de la zone euro pour sauver la Grèce de la banqueroute financière a eu comme principal résultat l’euphorie des Bourses.
En effet, 24 heures après le sommet tenu en urgence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE à Bruxelles, les ministres européens des Finances ont avalisé la démarche de leurs chefs d’Etat et ont adopté un plan de secours de l’économie grecque drastique, assorti d’une manne financière qui a calmé la tempête menaçant les marchés boursiers, mais également obligataires.
Sur les principales places boursières européennes, les indices vedettes ont explosé sous l’effet de l’annonce d’un plan d’aide européen pour la zone euro de 750 milliards d’euros.
Certains indices prenaient jusqu’à plus de 11%, après leur chute de la semaine dernière. Hier, en milieu de matinée, la Bourse de Paris gagnait 8,24%, Lisbonne 9,77%, Milan 9,57%, Amsterdam 5,78%, Londres 5,06%. Le plus fort rebond se produisait à Madrid (+11,79%). Francfort (+4,50%) et Zurich (+4,08%) s’affichaient également en forte hausse mais de manière moins marquée.
Sur les marchés asiatiques, les principaux indices boursiers ont terminé en nette hausse : le Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé en hausse de 1,60%, Sydney de 2,35%, Taipei de 1,29% et Hong Kong de 2,54%.
Tout a basculé pour les Bourses et pour l’économie européenne à l’issue de la longue réunion tenue dans la nuit de dimanche à hier à Bruxelles. Ainsi, après des négociations de plus de 11 heures, le plan d’aide européen à la Grèce a été finalement adopté par les ministres des Finances de l’UE.
Un plan de secours historique
Les ministres des Finances de l’UE se sont mis d’accord sur la mise en place d’un plan de secours historique pouvant aller jusqu’à 750 milliards d’euros pour aider les pays de la zone euro, et pas seulement la Grèce. Le total se décompose en 60 milliards de prêts apportés par la Commission européenne et de 440 milliards d’euros de prêts et garanties par les pays de la zone euro, soit 500 milliards côté européen.
Le Fonds monétaire international (FMI) s’est engagé pour sa part à apporter une contribution additionnelle de 250 milliards sous forme de prêts. «Ce qui a été fait hier par les Européens est réellement un grand pas en avant», a souligné le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn cité par l’AFP.
Rachats d’obligations d’Etat et discipline budgétaire
Cette aide financière inclut des prêts et garanties des pays de la zone euro, ainsi que des prêts du Fonds monétaire international (FMI).
En outre, six grandes banques centrales, dont la Banque centrale européenne (BCE), la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque du Japon (BoJ), ont décidé de réactiver des mécanismes d’échanges (swap) de devises entre elles pour tenter de calmer les tensions sur les marchés.
Pour la première fois, les banques centrales ont eu recours à l’achat des titres obligataires. Et ce, depuis les plus forts moments de la crise financière mondiale en 2007-2008, quand les banques avaient agi ensemble pour tenter de relancer le marché du crédit, alors paralysé.
Ainsi, la BCE a annoncé hier des «interventions» sur le marché obligataire de la zone euro, qui ont pris la forme d’achats de titres obligataires. L’opération a déjà commencé.
Par ailleurs, les pays européens ont convenu de renforcer leur discipline budgétaire.
Pour marquer encore plus leur bonne volonté et «éteindre» la spéculation, le Portugal et l’Espagne, considérés comme les maillons faibles de l’UE se sont engagés hier matin à prendre des mesures d’économies supplémentaires pour réduire leur déficit budgétaire.
Le gouvernement portugais a indiqué hier qu’il tablait désormais sur un déficit en 2011 à 5,1% du PIB contre 6,6% précédemment.
Le gouvernement espagnol devrait de son côté économiser 15 milliards d’euros en deux ans, surtout en retardant des investissements, selon la presse espagnole.
Toutes ces mesures ont boosté la reprise économique et ont redonné de l’espoir aux dirigeants des banques centrales qui semblent pour l’heure confiants en confirmant la reprise de l’économie mondiale.
Celle-ci est non seulement «confirmée» mais elle s’«accélère», a estimé hier Jean-Claude Trichet, président de la BCE, repris par les agences.
«Un certain nombre d’indicateurs, particulièrement dans les pays émergents, démontrent que les statistiques sont meilleures que prévu», a-t-il souligné hier lors d’une conférence de presse au siège de la Banque des règlements internationaux (BRI). S’exprimant en sa qualité de porte-parole du groupe des principales banques centrales réunies à Bâle et parlant d’une reprise à plusieurs vitesses, il dira encore : «Il y a une différence entre les économies émergentes et les pays industrialisés.»
En dépit des signaux positifs de croissance, M. Trichet a averti qu’il demeurait «prudent» sur les perspectives mondiales dans les prochains mois. Il se montrait également réservé sur l’impact de la crise financière actuelle sur l’économie mondiale.
Il a également indiqué qu’il était «absolument crucial» que les gouvernements européens atteignent leurs objectifs budgétaires, malgré le plan de soutien européen.
Les gouvernements de la zone euro, qui se sont engagés à réduire encore plus leurs déficits publics, doivent «prendre toutes les mesures nécessaires pour atteindre leurs objectifs.» De son côté, le gouvernement grec, dans l’attente d’appliquer son programme de réforme des retraites, avec notamment des allongements de durée de cotisation et des baisses de pensions pouvant aller «jusqu’à 20%», a demandé à tous les Grecs de «répondre présent» pour réaliser «les grands changements» nécessaires au redressement du pays dont la crise a été lourdement ressentie en Europe.
Synthèse de Samira Imadalou