“Quand tous ces acteurs entreront en production, aucun producteur ne décidera sur un coup de tête d’augmenter les prix de 15%”, a-t-il lancé dans une attaque à peine voilée contre le groupe Cevital.
Le site TSA rapportait ainsi le propos du ministre de l’Industrie inaugurant, hier, l’usine de sucre algéro-française La Belle-Cristal Union. Selon Bouchouareb, cette “réalisation”, et deux autres à venir, à l’est et à l’ouest du pays, résoudront le problème national du sucre ! C’est curieux comme, dans l’état de panne où se trouve l’économie nationale, notre gouvernement trouve tout de même des soucis de mise en compétition des quelques ateliers qui nous font office de tissu industriel ! C’est curieux qu’il trouve aussi le temps de faire de la “lutte contre le monopole du sucre” un programme… économique (!). Car, c’est bien d’un programme gouvernemental qu’il s’agit puisque aussi bien le ministre de l’Industrie et des Mines que le ministre du Commerce s’expriment régulièrement sur cette haute préoccupation de “démonopoliser” la production du sucre en Algérie.
À moins qu’il ne s’agisse d’un programme d’obstruction du développement d’une entreprise nationale. Privée mais nationale.
En reconstituant l’enchaînement des initiatives visant à contrecarrer les projets d’investissement de Cevital, l’entrave au développement du groupe prend des allures de préoccupation de politique nationale. Qu’il manifeste le songe à créer une plateforme sidérurgique à Bellara, et on invite le Qatar à occuper et le terrain et le créneau ; qu’il semble prospérer dans la fabrication et l’exportation du verre, et on cède l’entreprise publique de verre à un opérateur français, en totale propriété et en violation de la loi de finances complémentaire pour 2009 et de sa règle des 51/49, pour casser le monopole de l’entrepreneur national mal-aimé ; qu’il s’investisse dans l’huile de table, et on cède l’huilerie nationale à un concurrent saoudien ; qu’il songe à un port en eau profonde à l’est d’Alger, et on lui oppose un projet public de port en eau profonde à… l’ouest d’Alger…
Les avantages sociaux de la concurrence sont indéniables. Les Algériens, qui ont longtemps éprouvé le système du monopole, connaissent bien les effets de l’arbitraire d’un fournisseur unique. Même public. Mais alors que tout augmente, tous les jours, des officiels n’ont que le sucre à dénoncer comme danger pour les budgets des ménages.
Pourtant, d’autres chapitres de la dépense alimentaire, pour se limiter à ce rayon, méritent l’attention de nos autorités : le blé, par exemple, (plus de 50% des importations et plus de 50% de la consommation alimentaire), le médicament…!
À en oublier que la politique anti-production du régime a fait de l’importation le premier monopole commercial.