Le vieux parti est une machine à gagner des élections, qui carbure aux crises avec des zébrures de calme.
Rompu aux jeux de coulisses et à l’art de l’esquive, le FLN calme le jeu en usant de sa langue de bois…dure pour essuyer d’un revers de la main cette polémique de crise au sein du parti. Par la voix du membre de son bureau politique, Ahmed Boumehdi, il a démenti les rumeurs faisant état d’une crise interne au sein du FLN, ajoutant que son parti était en passe de préparer ses structures en prévision des prochaines échéances électorales, en tête desquelles les législatives de 2017. «Sereinement» donc, le parti majoritaire se prépare aux échéances de 2017.
Preuve en est, il a appelé, hier, «toutes les composantes politiques à consentir «davantage d’efforts» pour défendre les intérêts suprêmes du pays. «Toutes les composantes de la classe politique sont appelées à consentir davantage d’efforts pour la défense des intérêts suprêmes du pays», a indiqué M.Boumehdi qui représente son parti aux travaux de l’université d’été du MSP. Message de fidélité à son président, le FLN a réaffirmé, récemment, le «plein» soutien aux orientations du président Bouteflika, «appelant à redoubler d’efforts pour surmonter les difficultés économiques que rencontre le pays du fait de la chute des cours du pétrole et à mieux répartir les richesses que recèle le pays dans les différents domaines». Et puisqu’on y est, il a également renouvelé sa «confiance totale en la personne du secrétaire général du parti du FLN, Amar Saâdani, en vue de préserver les acquis réalisés et de se préparer aux échéances à venir. Alors crise au FLN dites-vous? Mais c’est une rumeur de mauvais goût et puis, depuis quand parle-t-on d’une corde dans la maison d’un pendu? Les crises s’accumulent et le parti s’en accommode. Un mouvement de redressement, puis un autre pour redresser les redresseurs, une division au sein des redresseurs et ainsi de suite… S’il existait des médecins spécialistes en politique, ils auraient diagnostiqué une sérieuse maladie chronique chez le vieux parti: la rengaine du redressement.
Dans les coulisses, deux tendances s’affrontent pour maîtriser la tête du parti. L’actuelle direction, bien assise sur le trône, conduite par Amar Saâdani et ses hommes puissants, par ailleurs très introduits dans les travées de l’Assemblée populaire nationale et les rouages de l’Etat. De l’autre côté, une tendance bicéphale composée des redresseurs agglomérés autour de Abderrahmane Belayat et le clan Belkhadem. Ce dernier avance à pas de loup, scrute la direction du vent. Evincé le 31 janvier 2013, suite à un retrait de confiance par le comité central, banni du parti, exclu de son poste de ministre d’Etat sans portefeuille et conseiller spécial du chef de l’Etat, en 2014, Belkhadem sort curieusement de son isolement politique et se dit inquiet du sort de son parti qu’il faut…redresser! Une simple manière de tenter sa chance et il ne désespère pas de revenir à la tête du FLN.
Ambition démesurée, mais dans le monde politique, on ne meurt jamais, pour peu qu’on ait un palais sensible qui sait savourer le goût «succulent» des cadavres.
Pour l’heure, la rengaine d’été continue en attendant «septembre noir» que promet Saâdani à ses détracteurs.