La Russie accuse le rapport de l’ONU de partialité, Laurent Fabius riposte

La Russie accuse le rapport de l’ONU de partialité, Laurent Fabius riposte

La Russie et les pays occidentaux continuent d’étaler leurs divergences à propos du dossier syrien. Dernier rebondissement en date, la Russie a accusé, mercredi 18 septembre, les inspecteurs de l’ONU d’avoir remis un rapport biaisé sur les attaques chimiques du 21 août. Des accusations dénoncées par Laurent Fabius, qui a affirmé que « personne ne peut mettre en cause l’objectivité » des inspecteurs de l’ONU.

Par ailleurs, Moscou affirme avoir reçu des éléments de la part du régime syrien prouvant que ce sont les rebelles qui ont fait usage d’armes chimiques. Le vice-ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Riabkov, en visite à Damas, a déclaré :

« Nous sommes déçus, c’est le moins qu’on puisse dire, de l’approche qui a été celle du secrétariat de l’ONU et des inspecteurs de l’ONU qui se trouvaient en Syrie, qui ont préparé leur rapport de manière sélective et incomplète sans prendre en compte des éléments que nous avions à plusieurs reprises signalés.

Sans avoir un tableau complet de ce qui se passe ici, on ne peut considérer les conclusions auxquelles sont parvenues les inspecteurs de l’ONU que comme des conclusions politisées, de parti pris et unilatérales. »

« UN NOUVEL ORDRE MONDIAL »

Le diplomate russe, arrivé à Damas mardi soir, a souligné que les inspecteurs avaient rédigé leur rapport « sans chercher d’éléments sur trois autres cas, ce à quoi les appelait la partie syrienne, et ce à quoi nous les appelions nous-mêmes ». Il a ajouté que des « éléments » avaient été transmis aux Russes par la Syrie pourappuyer la thèse d’une provocation de la part des rebelles. « Les éléments [de preuve] correspondants ont été transmis à la partie russe, a-t-il déclaré. Il nous a été dit qu’ils témoignaient du fait que les rebelles sont impliqués dans l’attaque chimique ».

Ce soutien constant de la Russie à la Syrie a été à nouveau salué, mercredi, par Bachar Al-Assad, qui a remercié ses alliés russes pour la protection de son pays, face à « l’attaque féroce dont il fait l’objet », a rapporté la télévision d’Etat.

Il a également estimé que la position russe, opposée à la menace d’un recours à la force contre la Syrie si elle ne renonce pas à ses armes chimiques, pouvaitcontribuer à créer « un nouvel équilibre mondial ».

De leurs côtés, la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne n’ont, après le rapport des inspecteurs de l’ONU, plus « aucun doute sur la responsabilité du régime de Damas » dans l’attaque chimique qui a fait près de 1 500 morts, selon Washington.

Des diplomates des cinq membres permanents du Conseil de sécurité – Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne – doivent poursuivre les débats, mercredi, sur un projet de résolution à l'ONU pour accompagner l'accord russo-américain sur la destruction des armes chimiques syriennes.  

BLOCAGE CONSTANT À L’ONU

Des diplomates des cinq membres permanents du Conseil de sécurité – Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne – doivent poursuivre les débats, mercredi, sur un projet de résolution à l’ONU pour accompagner l’accord russo-américain sur la destruction des armes chimiques syriennes. Washington, Paris et Londres plaident pour une résolution « robuste » et « contraignante ». François Hollande a rappelé mercredi qu’elle ne devait pas être « vague dans ses objectifs ».

La Chine et la Russie ont jusqu’ici toujours refusé de voter des textes hostiles à Damas. Cette nouvelle réaction russe augure mal d’un éventuel accord aux Nations unies sur une résolution. Visiblement confiant, le régime syrien a dit être certain que l’ONU ne va pas adopter de résolution sous le chapitre VII, prévoyant un recours à la force « car il n’y a pas de justification à son usage ».

Retour des inspecteurs de l’ONU en Syrie ?

Le chef des inspecteurs de l’ONU, Aake Sellström, a annoncé qu’ils vont retourner« bientôt » en Syrie, même si le « calendrier n’est pas encore établi »« Le rapport qui a été présenté était un rapport partiel. Il y a d’autres accusations qui ont été formulées auprès du secrétaire général des Nations unies, qui remontent au mois de mars, contre les deux parties. »

Selon lui, « 13 ou 14 accusations » méritent une enquête. M. Sellström a précisé que les inspecteurs ne s’intéresseraient pas à la question des auteurs de l’attaque du 21 août. « Ce n’est pas notre mission », a-t-il souligné.

L’ordre de mission doit être précisé « d’ici à une semaine », a-t-il encore dit, et un rapport couvrant l’ensemble des accusations pourrait être présenté « éventuellement d’ici à la fin octobre ».