Le domaine ferroviaire subit des agressions caractérisées. La SNTF a subi plus de 1 200 actes malveillants en cinq ans. Les jets de pierres, le viol des passages à niveau ont coûté pas moins de 141 milliards de dinars à l’entreprise. Entre 2013 et 2018, au moins 1 370 accidents sont survenus au niveau des passages à niveau. Un programme de suppression des plus dangereux est en cours.
Nawal Imès – Alger (Le Soir) – Victime de ce que son directeur de la sécurité qualifie d’«agression caractérisée», la SNTF en appelle à une large mobilisation pour la préservation du domaine ferroviaire. Si l’ensemble des références réglementaires accordent la priorité absolue au train, les faits sont têtus.
Automobilistes et passants transgressent les règles au quotidien, s’exposant aux dangers et causant des dégâts colossaux à l’entreprise sans compter les pertes en vies humaines et les retards qu’engendrent les accidents, notamment au niveau des passages à niveau qu’ils soient gardés ou pas.
Le ministre des Transports et des Travaux publics affirmait hier qu’entre 2013 et 2018, 1 370 accidents ont été enregistrés au niveau des passages à niveau ayant causé la mort de 317 personnes et entraîné des blessures chez 498 autres. Abdelghani Zaâlane affirme qu’il a été recensé 131 passages à niveau accidentogènes.
Plus de 80 d’entre eux vont être supprimés pour être remplacés par des passages supérieurs. Pour ne plus tomber dans les mêmes scénarios, le ministre affirme que le réseau actuellement en réalisation ne sera doté que de passages supérieurs, ce qui évitera d’un côté les accidents mais augmentera également la vitesse des trains et leur sécurité. Intervenant au cours de la journée maghrébine de sensibilisation aux dangers des passages à niveau, le directeur de la sécurité au sein de la SNTF a fait un véritable plaidoyer en faveur du respect de la spécificité du domaine ferroviaire. Ce dernier est quotidiennement agressé.
L’attitude des conducteurs et leur manque de vigilance sont autant de facteurs aggravants. Le risque d’accident aux passages à niveau illicites est de l’ordre de 300%.
Chiffres à l’appui, il dira qu’entre 2013 et 2018, pas moins de 37 heurts de véhicules ont été enregistrés dans des passages à niveau gardés entraînant trois décès et 16 blessés.
Au niveau des passages non gardés, 420 accidents ont été enregistrés causant 62 morts et 278 blessés. Les heurts d’obstacles sont de l’ordre de 419, causant 2 décès et 29 blessés quant aux heurts des personnes, ils sont de l’ordre de 425 causant la mort de 250 personnes et blessant 175 autres. Des chiffres qui incluent les suicides.
L’agression du domaine ferroviaire ne se limite pas au non-respect de la priorité absolue du train. Les jets de pierres en constituent une autre forme avec pas moins de 1 378 jets causant des blessures à 79 voyageurs et 84 agents de la SNTF.
Toutes ces agressions ont un coût. L’entreprise a dû dépenser 141 milliards de dinars en réparation qui ont entraîné l’immobilisation du parc roulant pour plusieurs jours.
Le coût des réparations des vitres depuis février 2018 s’élève à plus de 3 milliards juste pour le nouvel autorail Coradia.
En tout, la SNTF a recensé 1 200 actes de malveillance d’où l’appel de son directeur de la sécurité à la mobilisation de tous pour préserver le domaine ferroviaire.
N. I.