La Suisse fait le taf

La Suisse fait le taf

Grâce à un triplé de Shaqiri face au Honduras (3-0), au match nul de la France contre l’Équateur, et aussi à sa victoire à la dernière seconde lors de son premier match, la Nati se qualifie pour les huitièmes de finale, où l’attend l’Argentine. Hop Suisse.

En 2010, la Suisse n’était pas parvenue à inscrire le moindre but au Honduras et s’était fait sortir du Mondial sur un vilain 0-0. Aujourd’hui, il s’agissait de ne pas traîner. Cinq minutes et des miettes après le coup d’envoi de la rencontre, Shaqiri plonge depuis l’aile droite « à la Robben » et, pourtant suivi à la trace par Garcia et Figueroa, envoie une praline en pleine lucarne. Voilà, c’est déjà écrit : le Honduras ne décrochera pas sa première victoire en neuf matchs de Coupe du monde, et la Suisse va faire le boulot en priant pour que le voisin français ne déconne pas contre l’Équateur. Et il n’a pas déconné, donc tout va bien.

Shaqiri, Honduras qui pleure

Aucun doute possible, ce Honduras-Suisse était la moins belle affiche des quatre matchs organisés à Manaus. En dehors du bataillon suisse disséminé dans l’Arena da Amazonia et de la poignée de Honduriens en petit bloc contact, personne n’était vraiment dedans. Ni le public brésilien, qui n’a rempli les tribunes qu’au dernier moment et continuait à circuler pendant la rencontre pour se réapprovisionner en bières. Ni les jardiniers qui, alors que la pelouse n’avait posé aucun problème sur les trois premiers matchs, se sont un peu relâchés, à en juger par le trou de 50 centimètres de profondeur laissé par Lichtsteiner sur son premier tacle.

Il y avait pourtant quelques raisons de s’enthousiasmer. L’auteur de l’ouverture du score, d’abord. Xherdan Shaquiri, qui n’avait pas réussi à trouver le chemin des filets lors des deux premiers matchs suisses, en met deux en une mi-temps. Après son ouverture du score précoce, c’est sur un contre éclair, une passe bien ajustée de Drmić et une dissolution de la défense hondurienne qu’il ajuste Valladares et donne du mou à son équipe à la demi-heure de jeu. Surtout, le joueur duBayern est le plus agité sur la pelouse, se permettant même une roulette « zizouesque » sanctionnée d’un tacle de boucher par Wilson Palacios, pas calmé par sa suspension lors du dernier match.

Réduction des inégalités

Le Honduras franchit d’ailleurs un nouveau palier dans la violence aveugle lorsque Figueroa aborde un duel aérien les crampons en avant et les plante dans le torse de… son coéquipier Claros. « Il y a encore des problèmes de violence et d’inégalités dans notre pays, mais notre président essaie de les résoudre, et c’est aussi ce que nous allons essayer de faire dans ce match », avait déclaré le sélectionneur Luis Suárez à la veille du match. Pour la violence, on repassera, mais face à la Suisse, le Honduras a effectivement tout fait pour lutter contre les inégalités, à coup de pied dans les tibias, mais aussi, parfois, avec des phases de jeu construites, comme lorsque Bengtson crochète Benaglio et se fait voler son but par un sauvetage de Rodríguez sur la ligne.

Dans la moiteur du match disputé le plus tôt à Manaus, les Catrachos ont l’avantage de l’endurance et multiplient les occases en deuxième période, butant systématiquement sur Benaglio. En face, un Valladares solide dans ses cages ne fait pas oublier qu’on ne se qualifie pas pour un huitième de Coupe du monde avec comme joueur vedette Wilson Palacios, même rejoint par son frère Jerry, pas loin d’obtenir un penalty à l’heure de jeu. Sur la défensive pendant toute la deuxième mi-temps, la Suisse profite d’un nouveau long ballon vers Drmić pour en rajouter une couche, avec une nouvelle passe décisive de son attaquant de pointe et un coup du chapeau pour Shaqiri. Une large victoire finale en trompe-l’œil. Contre l’Argentine, qu’elle n’a jamais battue en six confrontations, la Suisse risque d’avoir du mal à s’en sortir. On parle tout de même d’un pays qui aime casser des banques.