La variole du singe, cousine moins dangereuse de la variole humaine éradiquée depuis quarante ans, a soudainement surgi depuis, le début du mois, en Europe et en Amérique du Nord, régions du globe où elle est d’habitude très rare. Ainsi la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les États-Unis, l’Espagne ou encore la Suède ont recensé des cas de l’infection.
Il s’agit là de la plus grande épidémie de variole du singe jamais signalée en dehors de l’Afrique. Au Maroc, le ministère de la Santé a annoncé, lundi soir, la découverte de trois cas suspects de variole du singe.
Selon Van Kerkhove, responsable de l’unité des maladies émergentes à l’OMS, il y a actuellement « moins de 200 cas confirmés et suspectés ». Rosamund Lewis, chargé de la variole au programme d’urgence de l’OMS, a souligné que « c’est la première fois que nous voyons des cas dans de nombreux pays en même temps et des personnes (malades) qui n’ont pas voyagé dans les régions endémiques d’Afrique. » On ne sait pas encore si le virus a muté, mais ces orthopoxviroses « ont tendance à être assez stables », a précisé Mme Lewis.
Qu’est-ce que la variole du singe ?
Selon l’OMS : « La variole du singe est une maladie infectieuse émergente causée par un virus transmis par des animaux infectés, le plus souvent des rongeurs. Elle peut ensuite se propager d’une personne à l’autre, mais la transmission de personne à personne ne peut à elle seule entretenir une éclosion. La présentation clinique est semblable à celle observée chez les patients atteints autrefois de la variole, mais moins grave. La variole a été éradiquée dans le monde entier en 1980. Cependant, la variole du singe est encore présente sporadiquement dans des régions d’Afrique centrale et occidentale, près des forêts tropicales humides. De manière générale, le taux de létalité dans les épidémies de variole du singe est de 1 à 10 %, mais avec des soins appropriés, la plupart des patients se rétablissent. »
Quels sont les symptômes de la variole du singe ?
Sur le site web de l’agence sanitaire, Santé publique France, nous pouvons lire : « l’infection par le virus Monkeypox débute par une fièvre, souvent forte et accompagnée de maux de tête, de courbatures et d’asthénie (État de grande faiblesse). Après 2 jours environ apparaît une éruption [cutanée] faite de vésicules remplies de liquide qui évoluent vers le dessèchement, la formation de croutes puis la cicatrisation. Des démangeaisons peuvent survenir. Les vésicules se concentrent plutôt sur le visage, les paumes des mains et les plantes des pieds. L’infection concerne également les muqueuses, dans la bouche et la région génitale. Les ganglions lymphatiques deviennent enflés et douloureux, sous la mâchoire et au niveau du cou. »
« L’incubation de la maladie peut aller de 5 à 21 jours. La phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. La maladie guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines », ajoute la même source.
En revanche, la souche du virus Monkeypox actuellement en circulation n’a, jusqu’à présent, pas provoqué de cas graves. « À ce stade, les cas rapportés en Europe sont majoritairement bénins, et il n’y a pas de décès signalé », rassure l’agence sanitaire. La maladie est toutefois souvent plus grave « chez les enfants et les personnes immunodéprimées ». Celle-ci peut en effet se compliquer en « surinfection des lésions cutanées ou d’atteintes respiratoires, digestives, ophtalmologiques ou neurologiques ».
Comment le Monkeypox transmet-il ?
« Le virus Monkeypox, informe Santé publique France, peut être transmis par contact direct avec les lésions cutanées ou les muqueuses d’une personne malade, ainsi que par les gouttelettes (salive, éternuements, postillons…). On peut également se contaminer au contact de l’environnement du malade (literie, vêtements, vaisselle, linge de bain…). Il est donc important que les malades [restent en isolement] jusqu’à disparition des dernières croutes, le plus souvent [au bout de] 3 semaines… L’infection par le virus MKP ne constitue pas une infection sexuellement transmissible (IST), mais le contact direct avec une peau lésée durant un rapport sexuel facilite la transmission. »
Pour ces raisons, les autorités sanitaires recommandent de ne pas porter de vêtements de personnes susceptibles d’être malades et de ne pas avoir de contacts étroits avec elles. En cas de symptômes, il faut s’isoler ; après le rétablissement, laver soigneusement ses vêtements, y compris les serviettes et les draps. De même, celles-ci suggèrent, en cas de toux et d’éternuement, d’utiliser des mouchoirs jetables et d’éviter, si possible, de le faire en présence d’autres personnes.
En outre, l’agence de l’Union européenne chargée des maladies a estimé que le risque de contagion de la variole du singe est « très faible » dans la population en général, mais « élevé » chez les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels. De son côté, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a indiqué dans sa première évaluation des risques que « Pour la population en général, la probabilité de contagion est très faible ».
Traitement et prévention de la variole du singe
Il n’existe pas de médicament spécifique contre la variole du singe, le traitement est symptomatique. La vaccination contre la variole humaine donne toutefois une protection croisée contre le Monkeypox efficace à 85 %. Dans tous les cas, on peut réduire le risque par l’évitement de contact physique avec le patient et le port d’un équipement protecteur.
La prévention de la maladie passe aussi par la restriction du commerce des petits mammifères et singes africains. Les animaux en captivité ne doivent pas être vaccinés contre la variole (risque de vaccines animales). Les animaux suspects doivent être mis en quarantaine.
Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) rappellent que le lavage des mains représente une action décisive contre ce virus. « Pratiquez une bonne hygiène des mains après tout contact avec des animaux ou des humains infectés. Lavez vos mains avec de l’eau et du savon ou utilisez un désinfectant pour les mains à base d’alcool », recommande le CDC.
Notons toutefois que la plupart des malades guérissent sans traitement au bout de deux à quatre semaines.