La vente des produits a baissé de 90%, Les Algériens boudent les jeux de hasard

La vente des produits a baissé de 90%, Les Algériens boudent les jeux de hasard

Le loto avec ses différentes formes, cochage et grattage, le loto Erriadhi, le Professionnel (simple et multiple) Kora Plus, Superkora, le Pro, Pictout … ne séduisent plus les Algériens.

Ces jeux de hasard ne font plus recette comme c’était le cas il y a plus d’une décennie. Fini les grandes affluences et les attroupements devant les guichets du Pari sportif algérien (SPA). Dans les librairies et les bureaux de tabac, seuls quelques joueurs sont présents. Les gens ne s’adonnent plus au remplissage des grilles des matches par un geste banal qui peut changer le cours de leur vie.

Les symboles du jeu 1, X et 2 (Natidja) n’attirent, comme dans les années 80, 90 et même au début des années 2000, que de rares parieurs. Les gens ne croient-ils plus en ces jeux ? Ne sont-ils plus tentés pas la grosse cagnotte ? Les « joueurs » sont-ils las de ces jeux qui enflammaient l’imagination tous les week-ends ?

Qui attend encore les 7 bons chiffres devant le petit écran ? Jour de week-end à 11h du matin : l’agence PSA d’Alger-Centre, à deux pas de la statue de l’émir Abdelkader, est presque vide. Deux personnes seulement s’affairent à gratter des tickets de Kora.

L’endroit est tranquille. Un seul employé suffit à gérer les trois guichets. Il nous affirme que « les ventes ont baissé de plus de 90% par rapport aux années 1990 et 2000 ». « Il y a des jours où ne nous faisons que 3.000 DA de recette alors qu’avant, on faisait cinq fois plus en une heure de temps », dira-t-il. Du côté des « joueurs », c’est la déception.

Un vendeur à la sauvette, se présentant comme accro des jeux, nous confie qu’il « dépense une moyenne de 1.000 DA par jour ». Il se dit déçu « par le fait que les gens ne jouent plus et que la cagnotte soit de plus en plus maigre ». Un autre « gratteur » s’approche. Ce jeune de la wilaya de Jijel a déjà gagné, il y a onze années, plus de 600 millions de centimes. Il dit jouer toujours dans « l’espoir de rééditer le même exploit ». « J’ai failli perdre la tête en 2003 lorsque j’ai eu les 7 bons numéros. Ce fut un moment magique à tel point que je voudrais refaire l’expérience. » Ce jeune Jijelien a investi dans la restauration rapide et continue de jouer au loto, croyant toujours en sa bonne étoile.

Des lieux spacieux sans rentabilité

L’agence PSA du 1er-Mai vit la même monotonie. L’inactivité qui règne dans les lieux pousse les deux employés à rester dehors et se dorer au soleil de ce mois de janvier.

Ahmed, qui vient de cocher la grille Natidja (pronostics sur les rencontres de football), accepte de nous parler. Il explique la désaffection pour le Pari sportif par le niveau du championnat national de football. « L’état actuel du sport national en général et du football en particulier fait fuir les plus accros aux jeux. Il n’y a aucune logique dans les résultats des matchs », dira-t-il.

La direction du PSA d’Alger-Centre, sise à la rue Abane-Ramdane, ne compte que quelques employés. La multitude de guichets ne sert plus à rien. « Nous n’avons enregistré aucun joueur depuis des mois », dira un employé. Les libraires et les marchands de journaux n’assurent plus la validation des grilles. « Je ne sais pas vraiment comment le contrat avec le PSA a été interrompu », indique Mourad, propriétaire d’un bureau de tabac à la place des Martyrs. Il regrette les « années d’or » de ces jeux de hasard. Un agent supplémentaire lui prêtait une aide, surtout les week-ends, pour satisfaire une nombreuse clientèle.

Entreprise discrète

Un marchand de journaux près de la Grande-Poste met à l’index la politique menée par cette SPA. Il l’accuse de ne pas mettre le paquet pour attirer plus de joueurs. « Je ne vois plus les spots publicitaires du PSA passer à la télévision. On n’annonce plus les sommes mirobolantes des cagnottes à la radio », a-t-il fait remarquer. Ce marchand estime que « le PSA, à cause de cette discrétion, risque la faillite ».

Ce dernier soulève un autre problème qui entrave, selon lui, le développement des jeux. « Ces derniers temps, les gens ne jouent plus aux jeux de hasard en raison de l’émergence du courant salafiste. » Il avoue connaître des centaines d’anciens parieurs qui développent l’idée que « jouer au loto ou autres jeux est un péché (haram) ». Interrogé, un enseignant de charia à l’Université du Caroubier, Belahcen Saïd, a indiqué que « les musulmans ne doivent pas jouer aux jeux de hasard tels que la loterie ». « Les personnes qui jouent mettent de l’argent sur le tapis. La somme totale, ou une partie, devant être attribuée au gagnant. C’est un jeu de hasard et cela est interdit en islam. » Nous avons essayé, à maintes reprises, de contacter les responsables du Pari sportif algérien, mais en vain.

Abbas A. H.