Durant les onze premiers mois de l’année 2014, l’Algérie a importé pour 2,278 milliards de dollars de médicaments, contre une valeur de 1,987 milliards de dollars durant la même année 2013. Manifestement, les chiffres représentant le coût des importations de médicaments vont crescendo. La facture risque encore d’être salée pour les années à venir, compte tenu de l’évolution démographique.
Mais pas seulement. L’industrie pharmaceutique algérienne contribue à 40% à la couverture des besoins nationaux en médicaments. L’évolution de cette part est conditionnée par la libéralisation du secteur et le soutien à l’investissement productif. Cela permettra à coup sûr au gouvernement de réduire la facture des importations. Cependant, le discours, par moments, est à l’opposé de ce qui se trame sur le terrain. C’est le cas des Laboratoires Merinal, bloqués depuis trois années déjà dans un important projet de complexe pharmaceutique. L’entreprise a dû attendre trois années sans que son important projet ne puisse sortir la tête de l’eau, faute d’une assiette foncière devant abriter le complexe.
Sur le fond, les discours politiques sur le soutien à la production locale, ainsi que sur l’inconditionnelle réduction des importations, ne pourront justifier, sur le terrain, les sempiternels blocages dont souffrent les investisseurs. Pourtant, depuis quelques années déjà, les résultats des Laboratoires Merinal ne déçoivent nullement ; 50 millions de boîtes de médicaments mises sur le marché annuellement. Mieux encore, l’entreprise de Nabil Mellah exporte des médicaments algériens vers sept pays. Les investissements de Merinal et son engagement à respecter les normes de qualité les plus strictes ont été couronnés par la validation de ses locaux comme site producteur pour de grandes multinationales. Ce n’est pas rien dans un secteur où les règles normatives doivent être une devise. Merinal, cinquième producteur de médicaments en Algérie, de par les quantités produites et ses parts du marché, nourrit les meilleures ambitions d’étendre ses investissements.
Mais voilà que le sempiternel casse-tête du foncier industriel vient bloquer un projet d’un grand complexe pharmaceutique. « Aujourd’hui, le mètre carré de terrain industriel est plus cher en Algérie qu’en France ou qu’au Japon. Et je ne vous parle pas de l’état de nos zones industrielles qui ressemblent plus à des zones sinistrées. Je vous assure que j’ai parfois honte de recevoir les représentants des ministères de la santé des pays vers lesquels nous exportons », s’indigne Nabil Mellah, Directeur général des Laboratoires Merinal, rencontré dans ses bureaux, sis à la zone industrielle de Oued S’mar.
Sur le plan social, les Laboratoires Merinal font travailler 560 personnes. Le patron de l’entreprise se réjouit que ce sont les compétences algériennes qui ont fait le succès de Merinal. En attendant que les autorités soient enfin convaincues de la nécessité de libérer l’investissement privé, Merinal aura au moins remporté un succès d’estime sur le marché. L’entreprise s’est en effet construite exclusivement par les compétences algériennes et s’impose aujourd’hui sur le podium des meilleures industries pharmaceutiques.
Ali Ben Mohamed (L’Eco n°105 / du 1er au 15 février 2015)