La Grande-Poste, devenue l’un des symboles du Mouvement populaire à Alger, considérée comme étant le quartier général du Hirak, est officiellement interdite d’accès depuis vendredi dernier pour raison de « réhabilitation des escaliers ». Un tour du côté des lieux, hier, a fait apparaître que nombre de citoyens doutent des services de l’organisme national de Contrôle technique de la construction (CTC). Pourquoi cette décision dans une pareille période de mouvement de contestation? Est-ce le prélude à plus de répression ? Des questionnements légitimes d’autant plus que l’accès est doublement barricadé, à la fois par les barrières de sécurité de chantier et par une protection policière d’une vingtaine de camions cellulaires et blindés.
Abdelhalim Benyellès – Alger (Le Soir) – La première question qui a provoqué toutes ces appréhensions sur la véracité de la décision des travaux de chantier et la remise en cause des raisons invoquées par la wilaya d’Alger, c’est l’absence d’indication technique de chantier et autre plaque informative à l’effet de prévenir les citoyens sur d’éventuels dangers des travaux de chantier. Ce qui fait dire à un citoyen que le dispositif sécuritaire renforcé sur les lieux laisse plus entendre à une tentative de répression qu’à une mesure préventive. D’où la question que se pose un autre citoyen sur la nature de la décision d’interdiction d’accès aux marches de la Grande-Poste. «L’interdiction relève-t-elle de considérations techniques ou purement politiques ?»
Et c’est dans ce contexte qu’un retraité des services techniques d’APC questionné ouvre une brèche en remettant en cause le communiqué officiel du 17 mai dernier, où il est fait état que « les services de la wilaya d’Alger ont mis en garde, vendredi, contre le risque d’effondrement des escaliers de la Grande-Poste, décidant d’empêcher l’accès à ces escaliers, à la lumière de l’expertise technique effectuée par les services de l’organisme national de Contrôle technique de la construction (CTC)». Notre interlocuteur doute du rapport du CTC et préconise la réalisation immédiate d’une contre-expertise qui conclurait un diagnostic approfondi de l’état des marches de la Grande-Poste. Celui-ci considère que cette décision demeure infondée tant qu’elle repose sur la seule expertise CTC.
Autant dire que les citoyens questionnés hier ont été unanimes, puisqu’elles versent dans leur ensemble dans le doute tenant en compte l’opportunité de la décision d’interdiction officielle qui intervient en pleine période de mouvement de contestation. Techniquement parlant, un autre témoignage déplore l’absence de plaque de chantier et le renforcement des barrières de chantier par un impressionnant cordon de sécurité de véhicules blindés. Dans ces conditions, s’étonne-t-il, «comment peut-on informer le citoyen sur la portée technique de la décision d’interdiction d’accès et du début des travaux de chantier de rénovation des escaliers de la Grande-Poste ?»
Pour rappel, notre passage hier sur les lieux n’a fait apparaître aucun signe d’activité de travaux de chantier sur les escaliers de la Grande-Poste annoncés comme «menacés d’effondrement».
A. B.