L’accord d’association Algérie-UE en ligne de mire

L’accord d’association Algérie-UE en ligne de mire

La réunion d’évaluation, prévue le 15 juin à Bruxelles, entre l’Algérie et l’Union européenne a tout pour constituer un tournant dans les relations bilatérales entre les deux parties.

Car, en plus de l’évaluation annuelle, ce sera le bilan de cinq ans de l’accord d’association signé en 2002 et entré en application en 2005 qui sera passé au crible.



Et en cinq ans, beaucoup de choses se sont passées.

Cela fait d’ailleurs plusieurs années que les autorités algériennes réclament une application «presque» stricte d’un accord qui, en principe, permet une coopération «équilibrée».

Puisque l’accord de 110 articles signé en 2002 porte des clauses permettant des ajouts ou des amendements qui pourraient d’ailleurs venir de l’une des deux parties. Ce n’est pourtant pas le cas, malgré les innombrables déclarations des responsables algériens, reprochant à leurs partenaires européens un accord à sens unique.

C’est venu souvent de l’ancien ministre du Commerce, El Hachemi Djaaboub. Mais les critiques les plus acerbes sont souvent l’œuvre de Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères. «Nous allons rappeler à nos partenaires que les relations entre l’Algérie et l’Union européenne ne sont pas uniquement basées sur le commerce», avait-il soutenu en 2008. Mais curieusement, il n’y a eu aucun amendement lors des réunions qui ont suivi en 2008 et 2009.

C’est à peu près les mêmes reproches que le ministre des Affaires étrangères a exprimés dimanche dernier lorsqu’il a reçu le commissaire européen chargé de l’élargissement et de bon voisinage, le Tchèque Stefan Füle. «Tout n’est pas mauvais. Il y a eu des avancées dans certains secteurs tels que le commerce.

Mais d’autres secteurs sont à la traîne, notamment les investissements», avait-il soutenu devant les journalistes algériens présents lors de la signature de deux accords de coopération.

Cela démontre à quel point l’Algérie est agacée par cette propension à vouloir faire du pays un dépotoir pour les marchandises des pays de l’Union. Et il y a de quoi s’inquiéter lorsqu’on se rend compte qu’en dehors des hydrocarbures, les investissements européens sont extrêmement faibles.

Et il n’y a pas que cela. Les Européens, qui considèrent l’Algérie comme un «pays pivot» veulent pousser Alger à intégrer la politique européenne de voisinage. «L’Algérie ne va pas intégrer la politique de voisinage», a tranché Mourad Medelci sur un ton sec, ne laissant d’ailleurs aucune marge de manœuvre à son invité de jour, reçu hier par le Premier ministre Ahmed Ouyahia.

Si le ministre des Affaires étrangères n’a pas indiqué de manière claire quelle sera l’attitude de l’Algérie lors de la réunion de Bruxelles, il est fort probable qu’Alger demandera l’amendement de certaines clauses, sans pour autant aller vers des changements de fond. Pour cela, Alger fera prévaloir deux atouts : une indépendance financière extrêmement favorable et une position stratégique de fournisseur important de l’Union européenne en énergie, notamment en gaz naturel.

Par Ali Boukhlef