Des appels d’offres sont lancés pour l’importation de viande sans en connaître l’origine.
La viande qu’on aura à consommer sera-t-elle halal? Ce n’est pas l’unique question qui mérite d’être posée. Doit-on envoyer nos propres bouchers dans les pays d’approvisionnement pour l’abattage d’ovins et de bovins? Il y a vraiment nécessité que les services concernés prennent toutes les précautions afin de garantir aux consommateurs une viande 100% halal.
A quelques semaines du mois sacré, les musulmans ne n’épargnent aucun détail pour passer un mois sans grain de sable dans la pratique religieuse.
Du coup, tout ce qui peut être plus ou moins soupçonné comme étant péché sera boudé par les ménages, sachant que les dépenses augmentent sensiblement durant cette période.
L’Argentine, le Brésil, le Soudan ou l’Inde? De quel pays l’Algérie importera la viande? Rien n’est encore confirmé par les départements ministériels concernés.
Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, qui s’exprimait en marge d’une séance plénière du Conseil de la nation la semaine dernière, n’a pipé mot. Il se contenta d’annoncer que la Société de gestion des participations de la production animale (SGP-Proda) a lancé un avis d’appel d’offres national et international pour l’acquisition de 5000 tonnes de viande fraîche ovine.
Une quantité qui sera distribuée à travers ses points de vente, sinon cédée à des agents agréés (commerçants de gros et de détail). Cette opération entre dans le cadre des mesures que les pouvoirs publics ont décidé de prendre à l’approche du mois de Ramadhan, et ce, pour barrer la route aux spéculateurs et faire face à la flambée des prix.
Un vrai casse-tête qui attend tout responsable de famille. Les indices annonçant un Ramadhan difficile sont nombreux, alors qu’il approche à grands pas avec son «cortège» de hausses des prix des fruits et légumes.
La viande rouge ou blanche est hors de portée de la bourse de la plupart des ménages. La viande rouge fraîche qui est cédée actuellement à 950 DA/kg risque de s’afficher à 1100, voire 1200 DA/kg durant le mois sacré.
En tout état de cause, les mesures ne manquent pourtant pas. En plus des 5000 tonnes, citées précédemment, le gouvernement a autorisé, via le ministère de l’Agriculture, les opérateurs privés à importer 10.000 tonnes de viande ovine fraîche. Ce contingent sera réparti entre les opérateurs privés, selon le modèle d’importation des contingents de certains produits de l’Union européenne, une formule dite de «premier arrivé, premier servi».
Par ailleurs, plus de 5000 tonnes de viandes de poulet congelées sont stockées actuellement par SGP-Proda. Elle sert, outre la régulation du marché, à éviter de recourir à l’importation pendant les périodes de forte consommation et maintenir les prix à des niveaux acceptables.
Il semble que les pouvoirs publics veulent mettre cette fois-ci le paquet pour faire chuter les prix des produits de large consommation. Sauf que, en pratique, les règles du marché national des fruits et légumes, des viandes et des produits agro-industriels obéissent à une autre logique, celle de la surenchère et de la loi de la jungle, en l’absence de contrôle des prix et de la qualité par l’autorité publique dans les marchés, de gros ou de détail.
A côté de cela, il y a des contraintes psychologiques qui pèsent sur le consommateur.
Le spectre du scandale de la viande de baudet proposée à la consommation dans les boucheries algériennes durant le mois de Ramadhan 2007, est toujours dans les mémoires.
Au-delà de la quantité de viande qui sera importée en prévision du mois de jeûne, c’est le flou autour de l’identité du pays d’approvisionnement.
Aïssa MOUSSI