L’aéroport de tripoli, en Libye, a été ciblé hier par une roquette: Un dialogue inclusif lentement, mais sûrement

L’aéroport de tripoli, en Libye, a été ciblé hier par une roquette: Un dialogue inclusif lentement, mais sûrement

Par 

Ghassan Salamé a cru devoir relativiser les ambitions et les attentes des puissances occidentales, très «préoccupées» par la situation et par les nombreuses opportunités qu’offre la Libye en termes de pétrole et de reconstruction.

Le scepticisme manifesté samedi dernier, dans un entretien avec l’agence de presse «étatique» française, par le représentant du SG de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, sur la possibilité d’une tenue des élections selon le calendrier adopté par le Conseil de sécurité en décembre 2017 et confirmé lors de la réunion à Paris des principaux protagonistes du conflit est désormais justifié.

L’annonce d’un nouvel accord entre les groupes armés qui s’affrontent aux portes de la capitale a donné quelque espoir à la Manul et à Salamé mais il semble que les accords sont aussi rapides que les prétextes à de nouveaux affrontements. C’est ainsi qu’hier, les vols ont été suspendus durant plusieurs heures, dans le seul aéroport opérationnel de Tripoli, à la suite de la chute d’une roquette dont l’origine reste indéterminée et qui, selon les sources aéroportuaires locales, n’a pas occasionné de dégâts.

L’aéroport de Mitiga, situé à l’est de la capitale, a déjà été fermé, à plusieurs reprises, à cause des combats meurtriers qui ont opposé des milices, depuis la fin août jusqu’à la fin septembre, raison pour laquelle Ghassan Salamé a cru devoir relativiser les ambitions et les attentes des puissances occidentales, très «préoccupées» par la situation et par les nombreuses opportunités qu’offre la Libye en termes de pétrole et de reconstruction dés lors que bon nombre de villes portent les graves stigmates de la guerre. «Pour la sécurité des voyageurs, du personnel et des avions», il a été décidé «de suspendre les vols (…) jusqu’à nouvel ordre», a communiqué la direction de l’aéroport, désormais rompue à ce genre de décision qu’imposent des circonstances pas toujours claires et la plupart du temps pleines de risques. L’Office de l’aviation civile a ensuite annoncé la réouverture après «coordination avec le ministère de l’Intérieur», laissant ainsi sous-entendre que des mesures préventives ont pu être prises pour protéger le périmètre de l’aéroport qui demeure une des cibles privilégiées des groupes armés.

L’infrastructure se trouve dans une ancienne base des forces aériennes libyennes sous le régime de Maâmar Al Gueddafi, qui comporte également une prison maintes fois attaquée par les bandes paramilitaires présentes dans la région de la Tripolitaine, et elle n’accueille que des compagnies aériennes libyennes desservant principalement Tunis et Istanbul. Quant à la prison qui porte le même nom que l’aéroport, elle recèle des centaines de détenus et elle demeure sous le contrôle d’une milice salafiste, ultra- rigoriste, la Force de dissuasion, dont la mission est de faire régner l’ordre à Tripoli et dans sa banlieue. Sous le feu des critiques formulées à la fois par des ONG et par la communauté internationale, cette Force de dissuasion est cependant soupçonnée de méthodes expéditives et de nombreuses atteintes aux droits de l’homme, ce qui ne l’empêche pas de continuer à imposer sa loi dans les rues et les alentours de Tripoli.

Ghassan Salamé a bien raison de tempérer aujourd’hui ses propres ardeurs, rejoignant sans trop le reconnaître les réserves très diplomatiques qui ont été exprimées par l’Algérie soucieuse de prendre en compte les conditions objectives du processus de dialogue inclusif entre toutes les parties libyennes, sans distinction, et de progresser lentement mais sûrement.