L’Afrique du Sud félicite Mugabe, les Etats-Unis et l’Europe restent sceptiques

L’Afrique du Sud félicite Mugabe, les Etats-Unis et l’Europe restent sceptiques

Robert Mugabe a été réélu avec 61% des voix, mais l’opposition dénonce des fraudes.

Le président sud-africain Jacob Zuma a félicité dimanche son homologue zimbabwéen Robert Mugabe pour sa réélection, saluant un vote «réussi» et a appelé tous les partis à accepter le résultat que l’opposition rejette en dénonçant des fraudes.



Jacob Zuma «adresse ses profondes félicitations au président Robert Mugabe pour sa réélection comme président de la République du Zimbabwe après des élections générales réussies le 31 juillet», a-t-il indiqué dans un communiqué, diffusé par le ministère des Affaires étrangères.

«Le président Zuma presse tous les partis politiques au Zimbabwe d’accepter le résultat de ces élections que les observateurs électoraux ont décrit comme l’expression de la volonté populaire», ajoute le communiqué. L’Afrique du Sud, a-t-il poursuivi, «est prête à poursuivre son partenariat avec le Zimbabwe dans la poursuite d’une coopération mutuellement bénéfique».

Il a souligné «les relations historiques fortes, solides et cordiales» entre les deux pays qui ont une frontière commune, point de passage des nombreux travailleurs immigrés zimbabwéens installés en Afrique du Sud dont le nombre est estimé à deux millions environ. Espace de liberté et refuge pour de nombreux opposants africains, l’Afrique du Sud est paradoxalement accusée de fermer les yeux sur le manque de démocratie chez ses voisins.

Pretoria avait ainsi salué fin 2011 la réélection de Joseph Kabila à la présidence de la République démocratique du Congo (RDC) alors que les observateurs européens trouvaient beaucoup à redire sur le scrutin. Cette année, au Zimbabwe, seuls des observateurs africains avaient été autorisés sur le terrain, notamment ceux de la communauté d’Afrique australe (SADC) au sein de laquelle l’Afrique du Sud joue un rôle clé.

Si Robert Mugabe a plusieurs fois attaqué publiquement la conseillère de M. Zuma pour son travail à la tête des médiateurs de la SADC, il peut compter sur l’amitié des dirigeants actuels de l’ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, forgée durant la lutte contre le pouvoir raciste blanc dans les deux pays.

L’attitude de l’Afrique du Sud vis-à-vis de son voisin a été théorisée depuis les années 2000 sous le vocable de «diplomatie tranquille». Elle s’explique par les liens du passé, mais aussi la proximité géographique, la peur de troubles et d’un afflux de réfugiés, ainsi qu’une balance commerciale très favorable aux Sud-Africains.

Des résultats pas «crédibles»

En revanche, pour le secrétaire d’Etat américain John Kerry, les résultats des élections au Zimbabwe ne sont pas «crédibles». Kerry a évoqué «d’importantes irrégularités». «Les Etats-Unis ne pensent pas que les résultats annoncés aujourd’hui représentent l’expression crédible de la volonté du peuple zimbabwéen», indique le chef de la diplomatie américaine dans un communiqué.

Mis au ban des nations dans les années 2000 pour ses atteintes aux droits de l’homme et forcé depuis 2009 de partager le pouvoir pour éviter une guerre civile, Robert Mugabe a été déclaré «dûment élu» dès le premier tour par la commission électorale (ZEC). Plusieurs ministres proches de lui ont appelé dans la foulée les Occidentaux à lever leurs sanctions après la tenue des élections générales.

Ces élections étaient l’occasion pour le Zimbabwe d’aller vers la voie de la démocratie et avancer vers la croissance et la prospérité mais«d’importantes irrégularités dans le scrutin ont été rapportées par les observateurs nationaux et régionaux», ajoute le communiqué américain.

«Bien que les Etats-Unis aient été empêchés de surveiller le scrutin, il est évident que l’annonce d’aujourd’hui est le résultat d’un processus électoral faussé», ajoute le communiqué. «Il y a eu des irrégularités dans la composition des listes électorales. Les partis n’ont pas eu le même accès aux médias. La sécurité n’a pas été assurée de manière égale pendant le scrutin», a ajouté le secrétaire d’Etat.

La Grande-Bretagne a également émis samedi de «sérieux» doutes sur les résultats des élections au Zimbabwe. L’Union européenne s’est aussi inquiétée samedi des «irrégularités présumées» ainsi que des«faiblesses identifiées dans le processus électoral et le manque de transparence».