L’Afrique du Sud sommé d’arrêter Omar al-Bachir

L’Afrique du Sud sommé d’arrêter Omar al-Bachir

La Cour pénale internationale (CPI) a demandé hier à l’Afrique du Sud d’arrêter le président soudanais Omar al-Bachir, qui participe au sommet de l’Union africaine à Johannesburg, et un tribunal de Pretoria a enjoint les autorités à ne pas le laisser quitter le pays tant que la justice n’aura pas statué sur son sort.

Comme si de rien n’était, le président al-Bachir, poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, a cependant pris place en début d’après-midi au premier rang des chefs d’Etats pour la photo de groupe, non loin du président sud-africain Jacob Zuma, hôte du sommet.

Le jugement émis par le tribunal, saisi par une ONG, stipule que les autorités sud-africaines « doivent empêcher le président Omar el-Béchir de quitter le pays jusqu’à ce qu’une décision soit rendue par cette Cour ». L’affaire devait être examinée en urgence dans l’après-midi d’hier.

Deux mandats ont été lancés par la CPI contre le président soudanais, en 2009 et 2010, en relation avec le Darfour, région de l’ouest en proie aux violences depuis 2003. Plus de 300.000 personnes sont mortes dans ce conflit selon l’ONU.

Dans une décision rendue publique hier, la CPI indique avoir rappelé le 28 mai à l’Afrique du Sud son obligation statutaire, en tant qu’Etat membre de la Cour, d’arrêter et de lui remettre al-Bachir si celui-ci se rendait sur son territoire.

Selon le document, l’ambassadeur d’Afrique du Sud aux Pays-Bas a rétorqué vendredi à la CPI, qui siège à La Haye, que son pays se trouvait face à des « obligations concurrentes » et que la loi « manquait de clarté ».

Pour la CPI cependant, « il n’existe aucune ambiguïté ou incertitude quant à l’obligation incombant à la République d’Afrique du Sud d’arrêter et de remettre immédiatement Omar el-Béchir à la Cour ».

Le président al-Bachir, 71 ans, au pouvoir depuis un coup d’Etat en 1989 et réélu en avril avec 94% des voix pour un nouveau mandat de cinq ans, a depuis 2009 considérablement limité ses déplacements à l’étranger, privilégiant les pays n’ayant pas rejoint la CPI.

Par ailleurs, le sommet de l’UA devrait être dominé par la crise au Burundi et la question des migrants. Les autres dossiers chauds du continent étant les mouvements islamistes armés qui menacent les États depuis l’ouest du Sahara jusqu’au Kenya, et la guerre civile au Soudan du Sud.