ALGER – Malgré ses potentialités en ressources animales, l’Afrique continuera à dépendre, jusqu’à long terme, des importations à hauteur de 20% de ses besoins en viandes et de 5% en laits en 2050, selon un représentent du Bureau interafricain des ressources animales de l’Union africaine (UA-BIRA), Simplice Nouala.
Les importations africaines de viandes atteindront les 5 millions de tonnes (Mt) en 2050 contre 900.000 tonnes entre 2005 et 2007, alors que celles de lait passeront à 10,2 Mt en 2050 contre 5,7 Mt en 2007, prédit cet expert lors d’un atelier organisé récemment par UA-BIRA au Caire (Egypte).
Portant sur le thème « exploiter le pouvoir des médias pour sensibiliser l’opinion sur les enjeux du secteur de la pêche et des ressources animales en Afrique », cet atelier a regroupé des journalistes de plusieurs organes de presse africains dont l’APS.
Les besoins africains en alimentation d’origine animale devraient exploser en raison d’une croissance démographique galopante: le continent devant compter 2,2 milliards d’habitants en 2050 avec un taux d’urbanisation le plus rapide au monde, puisque 50% des Africains vivront dans les villes dans les deux prochaines décennies.
D’autres facteurs viendront soutenir cette demande à travers le taux de croissance économique et la hausse du nombre de la classe moyenne qui atteindra plus d’un (1) milliard de personnes en 2050.
Selon les estimations, la consommation du continent en viandes devrait augmenter de 218% pour atteindre 35 Mt/an, et celle en lait de 159% pour s’établir à 83 Mt/an en 2050.
Pour le même expert, il existe des opportunités qui permettent au continent de tirer profit de ses ressources animales (viandes et poissons), sachant que l’élevage croît rapidement par rapport aux autres filières avec un retour sur investissement assez appréciable de telle sorte que chaque dollar investi génère 2,9 dollars de bénéfice dans la production primaire et 5,9 dollars sur la phase de transformation.
L’Afrique recèle aussi d’espèces animales plus résistantes et moins exposées aux maladies et autres risques.
« Le continent est face à un paradoxe: Nous avons des ressources, mais nous sommes le continent qui importe le plus », observe M. Nouala qui se dit interpellé par le dernier rapport de l’agence américaine de l’agriculture (USDA) sur les importations qui avait noté qu’entre 2004 et 2014, les importations de l’Afrique en viande de poulet ont augmenté de 200%.
Dans l’Afrique de l’ouest et centrale, les pays dépendent à 90% des importations pour satisfaire leur demande en lait.
Les engagements dans le cadre de l’UA et le rôle des médias
Les ressources animales doivent être au coeur des plans d’investissement agricoles des pays africaines de manière à augmenter la productivité et développer la transformation.
Pour atteindre ces objectifs, l’UA a développé, en consultation avec tous les Etats membres et les parties prenantes, plusieurs stratégies. Il s’agit notamment du cadre de politique et de la stratégie de réforme de la pêche et de l’aquaculture, de la stratégie de développement de l’élevage et du cadre de la politique du pastoralisme.
Ces documents ont été formulés dans le cadre du Programme détaillé du développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) adopté en 2003, auquel s’ajoute celui de la Transformation Accélérée de l’Agriculture en Afrique adoptés en 2014 lors du sommet de Malabo (Guinée équatoriale) avec l’objectif de zéro faim en 2025 et de réduction de la malnutrition.
Mais pour l’UA, les médias africains doivent aussi contribuer dans cet objectif pour sensibiliser l’opinion publique et éclairer les décideurs sur les enjeux de ce secteur en matière de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté.
C’est dans ce sens qu’un premier atelier avait été organisé par UA-BIRA en mars dernier au Ghana qui avait été couronné par la naissance d’un Observatoire de journalistes africains pour une pêche durable et le développement des ressources animales.
Il a été suivi par un deuxième tenu récemment au Caire, lequel a adopté le statut et règlement ainsi que le logo de cet observatoire avant de tenir prochainement son assemblée générale constitutive.
Une journaliste de l’APS, Mme Fatma Hamouche, et un journaliste tunisien ont été désignés points focaux de la région Afrique du Nord de cet observatoire, à l’instar des autres sous-régions du continent représentés également médiatiquement.