L’Afrique reverra-t-elle un jour la Coupe du monde ?

L’Afrique reverra-t-elle un jour la Coupe du monde ?

L’Afrique du Sud a réalisé le rêve de tout un continent. En organisant la Coupe du monde de Football, le pays de Mandela a remis toute l’Afrique sous les feux de la rampe.

D’un continent meurtri par les guerres, les maladies, les famines et les crises politiques, nous sommes passés à un continent joyeux, chaleureux et accueillant. La magie du foot a ainsi changé l’image de l’Afrique.

Et c’est une victoire extraordinaire contre les préjugés qui ont longtemps réduit l’Africain au primitif rejeté par la modernité. Grâce à l’Afrique du Sud et à sa volonté coriace de réussir son défi d’accueillir le premier Mondial africain, c’est tout le continent qui en sort grandi. Mais d’ici quelques semaines, le Mondial jouera son dernier match.

Et après la folie d’une finale historique sur la terre africaine, que restera-t-il comme acquis pour l’Afrique ? Les retombées financières et économiques dont bénéficiera la nation arc-en-ciel ne sauront aucunement aider les autres pays du continent à subvenir à leurs besoins. Pis, tout porte à croire que l’Afrique risque de ne plus jamais revoir le Mondial sur

sa terre ? En effet, de nombreux experts soulignent que l’Afrique du Sud n’est qu’un joli arbre qui cache une piteuse forêt.

Peu de pays ont en réalité les capacités d’organiser un tel événement. Mis à part l’Afrique du Sud, seule puissance économique du continent, presque aucun pays africain ne peut consentir à moderniser ses équipements et ses infrastructures.

Certains qui sont empêtrés dans leurs difficultés économiques ne peuvent construire un petit stade que grâce à des subventions internationales.

Alors l’Afrique du Sud sera-t-elle le seul pays africain à abriter le Mondial dans l’histoire ?

Tout l’indique car la FIFA a mis au placard le principe de la rotation. Désormais, seuls les pays méritants auront l’insigne honneur d’organiser la Coupe du monde. Après le Mondial brésilien en 2014, il semble que la compétition est dure entre le Qatar, l’Australie, l’Angleterre et les Etats-Unis, désireux de remporter la palme du Mondial.

Et, pour le moment, aucun pays africain n’a cherché à reprendre le flambeau de l’Afrique du Sud. C’est dire si l’avenir du foot africain ne s’annonce guère heureux. Et pour cause, en l’absence d’une ambition internationale, l’Afrique risque vite de replonger dans sa torpeur habituelle. Les plus grands sportifs africains s’en inquiètent d’ailleurs sérieusement.

A les entendre, les retards qu’accumulent les fédérations africaines de football dans le management du développement du sport roi pourraient coûter encore plus cher à l’Afrique à l’avenir. A ce sujet, la légende du football camerounais, Joseph-Antoine Bell, croit savoir que «le monde entier a voulu “offrir” une Coupe du monde à l’Afrique».

«La preuve en est : aucun pays non africain n’a pu être candidat ! Or, l’organisation d’un événement de cette importance se gagne également au mérite, et non comme on offrirait un cadeau. Imagine-t-on le G20 intégrer un pays africain ? On peut en inviter un, accessoirement, à l’occasion.

Mais aucun n’est suffisamment riche pour mériter d’y figurer», souligne ce footballeur qui aimerait tant voir les autres pays africains retrousser leurs manches et s’atteler à la modernisation de leurs structures sportives pour y organiser des compétitions internationales.

C’est à cette seule condition que l’Afrique gagnera un pas supplémentaire vers le développement. Un pas que seule l’Afrique du Sud a, décidément, réussi à franchir.

Par Abderrahmane Semmar