L’agriculture à Bouira :Une machine grippée

L’agriculture à Bouira :Une machine grippée

Le nouveau locataire du ministère, en réservant sa première sortie à la wilaya de Bouira, semble avoir compris le rôle et la place de celle-ci dans le développement économique.

L’agriculture constitue la vocation première au plan économique de la wilaya de Bouira. Cette vocation se confirme au regard des chiffres suivants. Pour les exploitations agricoles, la wilaya compte 32.000 établissements dont 455 EAC, 476 EAI, 30 929 exploitations privées, cinq fermes pilotes et 135 concessions. Les ressources hydriques sont: les forages 305 unités pour un débit de 1151 l/s, les puits 4395 pour un débit de 6048 l/s, les sources 951 pour un débit de 811 l/s, les retenues collinaires 25 pour une capacité de 3143.000 m3, trois barrages, les bassins d’accumulation 1197 pour une capacité de 119.098m3, les seguias 49,1 km, les mares 21 pour une capacité de 42.000 m3, les réseaux d’irrigation par gravitaire sur une superficie de 5112 ha soit 44%, le goutte-à-goutte avec 1381 ha soit 12% et par aspersion pour une surface de 5141 ha soit 44%.

Les atouts agricoles de la wilaya de Bouira sont confortés par la réalisation de ses trois barrages: Lakhal avec une capacité de stockage de 30 millions de m3, Tilesdit avec ses 165 millions de m3 et Koudiat-Acerdoune avec ses 680 millions de m3. L’occupation agricole des sols se répartit ainsi: les céréales avec 82.000 ha occupent la première place devant les fourrages 11.662 ha, l’oléiculture 21.000 ha, les maraîchages 6530 ha dont 5000 ha de pomme de terre et 5 353 ha d’arboriculture. Pour la production animale, ce sont 60.187 têtes de bovins, 205.350 têtes d’ovins, 25.558 têtes de caprins et s’y ajoutent ses 2935.000 poulets de chair et 1265.000 poulets de ponte, et enfin, 119.091 ruches d’abeilles.

La gestion du secteur implique 12 subdivisions agricoles, 45 délégations communales agricoles, une Chambre d’agriculture et cinq fermes-pilotes, mais aussi cinq coopératives d’approvisionnement (Cassap), une coopérative de céréales et légumes (Ccls), une entreprise de distribution et de maintenance (Edimma), cinq unités avicoles issues de la filiale Orac-Centre, une unité de production de l’aliment de bétail (Onab), quatre points de collecte de lait cru, quatre caisses de mutualités agricoles (Crma), 15 bureaux communaux et enfin six agences Badr.

Déficit d’encadrement

Depuis 1999 à ce jour, la wilaya a lancé 40 Ppdr (projets de proximité de développement rural) et 57 Ppdri (projets de proximité de développement rural intégré) et octroyé plus de 22.000 aides à l’habitat rural. Ces donnes et ces efforts n’ont pas donné les résultats escomptés. L’une des raisons essentielles demeure le manque d’encadrement. Malgré l’importance que revêt le secteur, pour le développement global du pays, le manque d’encadrement et de matériel freine la performance économique. Il y a quelques années la direction des services agricoles avait fait état d’un manque de 50 cadres techniques et 15 véhicules pour la couverture de toute la wilaya. Cet aléa n’a pas entravé quelques avancées sensibles. La wilaya compte deux périmètres importants. Il s’agit de celui des Arribs à Aïn Bessem et celui d’El Esnam, de la vallée du Sahel (Est de Bouira).

On notera qu’il s’agit là de périmètres irrigués dotés d’infrastructures hydrauliques et de la ressource en eau. Il existe donc une superficie de 5420 hectares dans sa partie située dans la wilaya de Bouira et assurée à partir des barrages de Tilesdit (Bouira), avec un volume mobilisable de164 millions de m3, et de Tichy-Haft (Béjaïa), avec une capacité de 120 millions de m3. Pour celui de la vallée du Sahel, il devrait être mis en service d’ici le mois d’août prochain. Pour la production de la pomme de terre, la wilaya de Bouira a connu une augmentation de 190%, permettant à la wilaya d’occuper la 3ème place au plan national. Concernant la production fruitière comme le pommier, le poirier, la vigne, les agrumes, l’abricotier, le grenadier, le cognassier et autres, la production a enregistré une augmentation de 90%. Il s’agit là d’une production arboricole prospère. Enfin, pour la production animale, la wilaya de Bouira a enregistré une augmentation dans la production du lait de vache, passant de 31 millions de litres en 1999 à plus de 55 millions de litres; la laine est passée de 1 417 q en 1999 à plus de 3000; les grands marchés des viandes rouges sont passés de 35.000 q en 1999 à 80.000 cette année; les viandes blanches de 23.000 à 49.760 q; les oeufs de 140 millions à 253 millions d’unités et enfin le miel a connu une évolution de 1081%.

L’autre principale cause de la non-fructification de ces moyens reste l’inexistence de circuits de commercialisation et les conséquences qu’elle entraîne sur l’activité et les producteurs.

La promesse de réalisation de marchés de gros et de demi-gros au niveau de Bouira et de Aïn Bessem tarde à se concrétiser. Les ministres se succèdent et chacun tente d’innover en apportant sa touche. Du temps du ministre Benaïssa, on a parlé de la labellisation. La DSA avait annoncé l’opération de réhabilitation des cultures du terroir et leur labellisation.

Les principaux produits retenus ont été les figues et les cerises sur le flanc sud du Djurdjura depuis Aomar jusqu’à Aghbalou en passant par Ath Laâziz, Taghzout, Haizer, El- Esnam, Saharidj. Soit plus de 70 ha à réhabiliter en figues et 50 ha en cerises au niveau des communes de montagne que sont Saharidj et Aghbalou.

La nouvelle Mitidja

La variété «Gueld amane» du grenadier de Toghza à Chorfa, les pêches automnales des Ath- Vouali et Ath Mansour pour lesquelles la direction de l’agriculture prévoit quelque 50 ha et enfin 330 ha d’agrumes dans la région de Lakhdaria. La relance des amandiers du col Baccouche fait partie des priorités.

Enfin, le dernier défi de la wilaya de Bouira est la mise en place de cette bande oléicole au sud de la wilaya.

Sur plus de 100 km sur 500 m de largeur, la DSA a prévu la plantation de quelque 5 millions d’oliviers. L’objectif des professionnels de l’oléiculture est d’arriver à créer un office pour le conditionnement et l’exportation de cette huile.

Parce que l’agriculture relève et dépend des aléas de la nature, la production céréalière a diminué en raison de la faible pluviométrie cette année.

Le nouveau locataire du ministère en réservant sa première sortie à Bouira semble avoir compris qu’après la destruction massive des plaines de la Mitidja et la période des vaches maigres qui se conjugue à la crise alimentaire qui prend des proportions alarmantes, Bouira devient par la force des choses, l’avenir agricole du pays, en cette phase difficile avec l’objectif de libérer le pays d’une partie des importations sur le plan alimentaire au moins. L’objet premier de ce déplacement était le lancement officiel de la campagne moisson -battage. L’autre objectif de ce déplacement dans une wilaya agricole située à la périphérie d’Alger s’est voulu un message du remplaçant de l’ex-ministre Ferroukhi en direction des professionnels du secteur. A la presse présente ce jour-là, le ministre a affirmé être pourvu d’une mission, celle de faire de l’agriculture une alternative durable et viable aux hydrocarbures. Pendant cette visite aussi, il a été question de la production de la pomme de terre.

Abordant le sujet de sa production et de son exportation, le nouveau ministre à partir de Bouira, a estimé «inadmissible» qu’on évoque encore le chiffre de 300 q par hectare, alors qu’il devrait se situer aux alentours de 500 q/ ha.

Un agriculteur présent lors de cette visite lancera au ministre: «On veut des solutions Monsieur le ministre! Comment peut-on augmenter la production, quand on est ignorés par l’Etat et livrés aux spéculateurs?» La catastrophe qui a frappé la semaine dernière la filière avicole et rapportée hier dans notre quotidien vient rappeler que tout ne baigne pas dans l’huile. Une étrange maladie, «la maladie de Newcastle» selon un vétérinaire privé, affecte les poulets de chair dans les régions de Guerrouma et de Maâla dans la daïra de Lakhdaria. Les poulets dans un premier temps tremblent puis refusent de s’alimenter pour enfin mourir.

Un éleveur de la région a perdu 1200 poulets en l’espace de 48 heures. Les premiers symptômes ont été enregistrés le lundi de la semaine dernière.

«Nous ne savons plus quoi faire! J’ai fait venir des vétérinaires, ils ont fait des prélèvements et j’attends les résultats», indiquera Messaoud. H, de Guerrouma. Notre interlocuteur a déclaré qu’il a perdu plus de 1200 poulets en à peine 48h.

«Tout a commencé le lundi de la semaine dernière. J’ai remarqué que mes poulets étaient pris de tremblements et qu’ils refusaient de se nourrir (…) Je me suis très vite inquiété et j’ai tout de suite prévenu les services sanitaires de la DSA de Lakhdaria.

Les pertes sont estimées à 65.000 poulets morts en moins de 72 heures».