« La santé des consommateurs est une ligne rouge qui ne doit pas être dépassée, surtout dans le domaine de l’agroalimentaire, qui demande un maximum de précautions», nous confie Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (l’Apoce).
Selon les clauses des conventions liant notamment les collecteurs aux laiteries, ces mécontents, qui ont exprimé leur colère, jeudi à Sidi-Bel-Abbès, en déversant leur lait invendu, devant le siège de Tessala, filière de Giplait, ont agi à l’encontre de ces mêmes clauses.
A vrai dire, il était tout à fait légitime pour la laiterie de Tessala de refuser de réceptionner un lait apparemment contaminé par des résidus d’antibiotiques. Quant à la réaction des collecteurs, celle-ci a démontré l’indifférence de ces derniers quant à la santé d’autrui, préférant de loin se faire payer, au détriment des consommateurs qui, eux, auraient fini par payer. « Giplait a eu raison de refuser de réceptionner le lait douteux livré par ces quelques collecteurs » affirme M. Zebdi. «En effet, si une laiterie se doute que le lait livré est impropre à la consommation, elle a le droit de recourir à une contre-expertise et demander à être remboursée. Car dans ce cas, il y a non-respect de la clause qui prévoit l’obligation de livrer un lait exempt de tout composant pouvant altérer sa qualité et, donc, avoir des conséquences nuisibles pour la santé des consommateurs », nous affirme M. Mustapha Zebdi.
En décembre 2014, un article d’une revue scientifique algérienne avait rapporté que des résidus d’antibiotiques et d’agents bactériens telles la tétracycline et la bêtalactamine avaient été détectés lors d’analyses de lait cru et de lait provenant d’élevage. En effet, le labeur de la machine productrice de lait et de produits laitiers en Algérie peine à progresser. « Le lait, par exemple, doit impérativement être traité pendant tout le processus de fabrication, dans les meilleures conditions. Actuellement, l’Association de la protection et de l’orientation du consommateur et son environnement encourage vivement les entreprises à travailler en ayant comme principale priorité la santé du consommateur. »
Toutefois, des mesures ont été créées pour le bon fonctionnement du processus de fabrication de lait, de l’étape de sa traite chez l’éleveur jusqu’à sa mise sur le marché, en passant par toutes les étapes des différents traitements qu’il reçoit. Mais pour que ces mesures soient appliquées par tous les collecteurs, éleveurs et services agricoles, il leur faudrait détenir un statut pénal pour que les travailleurs de l’agroalimentaire non coopératifs puissent être sanctionnés en cas de non-respect desdites mesures, vu le degré de gravité de ce fléau. «Des critères pour la préservation de la santé des consommateurs ont, bien évidemment, été mis en place. Cela dit, rares sont ceux qui les prennent en considération. Le secteur agroalimentaire se trouve dans un état des plus catastrophiques et l’heure est à la prise de conscience.»
Selon un nutritionniste du métabolisme, les cas des antibiotiques présents dans le lait ou dans des produits laitiers conduisent inéluctablement vers une nocivité. Le risque d’anti-bio-résistance est élevé chez les consommateurs victimes de ce phénomène. Celui-ci peut aussi engendrer, toujours selon le nutritionniste, de graves problèmes d’allergies et d’intoxications de toutes sortes. De ce fait, de nombreux pays ont recouru à une restriction drastique de l’utilisation d’antibiotiques pour les soins des bovins, notamment, afin de minimiser les risques encourus par les consommateurs à leur insu.
Ghazi Boucharef