Deux ans et demi après l’instruction faite par le Premier ministre en direction des transformateurs de lait de procéder à la suppression «progressive» de l’emballage en plastique et le remplacer par le conditionnement en carton (tetra pack), rien n’a été fait pour le moment.Interrogé sur ce sujet, le propriétaire d’une laiterie répond d’emblée qu’il ne s’agit pas de «la matière d’emballage, mais du prix».
Notre interlocuteur qui a commencé par rire en entendant évoquer cette initiative, trouve totalement «irrationnel qu’un produit soit maintenu au même prix pendant 15 ans».
«Il est vrai que nous sommes l’un des rares pays au monde à emballer le lait dans du plastique, mais pour passer à autre chose, il faudrait revoir le prix du litre de lait».
Le responsable de cette unité de transformation qui a requis l’anonymat de peur des «représailles de l’Onil», dit être présent à Mostaganem en janvier 2014 lorsque le Premier ministre avait fait sa déclaration, en accordant trois mois seulement aux transformateurs pour se conformer à cette nouvelle disposition. «Déjà, rien que pour avoir une ligne de crédit pour l’acquisition d’une chaîne de production pour ce genre d’industrie de transformation qui coûte entre 30 et 40 milliards de centimes, il faut attendre des mois, ensuite, il y a son installation, la formation du personnel et attendre les réactions du marché. Cela peut durer plusieurs mois, voire des années», explique-t-il.
Revenant au lait emballé dans le sachet en plastique, l’industriel se plaint des petites marges tirées par les producteurs, lesquels le vendent à 23,25 DA/litre. Or, argue-t-il, «toutes les charges ont augmenté, dont le film en plastique, sans compter l’inflation et la dévaluation du dinar».
Qualifiant cette décision qui date de deux ans et demi d’effet d’annonce, notre interlocuteur rappelle d’autres décisions des ministères de l’Agriculture et du Commerce qui avaient annoncé, chacun de son côté, avoir suspendu 5 laiteries. En vérifiant sur place, «aucune laiterie n’a été suspendue».
Lors de sa visite au stand du groupe Giplait, dont les produits étaient exposés à l’occasion de l’inauguration du port de Salamandre, à Mostaganem, le chef de l’Exécutif avait souligné que le remplacement de l’emballage en plastique par le conditionnement en carton hermétique permettra de fournir au citoyen un produit de «meilleure qualité» et de «préserver l’environnement».
Mais pour augmenter les subventions, il est évident que la situation économique ne le permet pas. Ce qui fait dire au propriétaire de la laiterie que rien ne changera et que le sachet en plastique a encore de beaux jours devant lui.
Déjà que les éleveurs de vaches laitières ont tout le mal du monde à obtenir une augmentation quant au lait cru fourni aux transformateurs.
Ainsi, pour un objectif avoué de répondre aux préoccupations des éleveurs et préserver les investissements existants, le gouvernement a décidé que le prix de référence du litre de lait cru de vache soit fixé à 50 DA, à savoir 36 DA le prix de cession du lait cru aux laiteries et 14 DA de subvention de l’Etat, contre respectivement 34 DA et 12 DA auparavant.