Un taux sous les 10 % à 9,9 % exactement. C’est le niveau du chômage en Algérie en avril divulgué, la semaine dernière, par l’Office algérien des statistiques. Une nouvelle rassurante pour Alger, en sus du redressement des cours du pétrole depuis le printemps et alimenté par des déclarations de Riyad, il y a quelques jours. Un redressement vital pour un pays dont 97 % des entrées de devises et les deux tiers des recettes fiscales dépendent des hydrocarbures. Le chef de la mission du Fonds monétaire international pour l’Algérie, Jean-François Dauphin, a pour sa part salué à Alger récemment le potentiel du pays et « l’occasion exceptionnelle de mener les réformes » indispensables.
Manque de transparence
Pour autant, ces hirondelles ne font pas le printemps car les analystes ne s’attendent pas à un retour du prix du baril au niveau des 70 dollars sur lequel tablait encore Alger l’an dernier, alors qu’en outre le Fonds monétaire international estimait récemment que le budget algérien avait besoin d’un baril à 87 dollars pour être à l’équilibre. Jean-François Dauphin ajoutait d’ailleurs qu’il est urgent de réduire les déficits budgétaires et des paiements courants, de diversifier et de débureaucratiser le secteur privé, d’ouvrir le pays aux investissements étrangers, de lutter contre la corruption et le manque de transparence.
Epuisement du FRR
Autre sujet d’interrogation, le montant des réserves du Fonds de régulation des recettes (FRR), dont l’opposition annonce depuis des mois l’épuisement imminent, fin août, puis fin décembre. Ce fonds souverain est ponctionné régulièrement depuis le début du contre-choc pétrolier, à l’été 2014, pour permettre à l’Etat de boucler ses fins de mois. Le déficit budgétaire était équivalent à 15 % du PIB en 2015 et se serait encore aggravé depuis, malgré des coupes budgétaires exceptionnelles. Le déficit budgétaire de l’Algérie devrait atteindre 30 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année, selon l’économiste Mustapha Mekideche.
Il se dit à Alger que les réserves du FRR de 32 milliards de dollars fin 2015 ne dépasseraient pas 7 milliards actuellement. Avec pour perspective un recours massif à l’emprunt pour l’Algérie l’année prochaine. Le pays a toutefois l’avantage d’avoir une dette publique peu élevée.
Quant aux bons chiffres du chômage publiés récemment, ils suscitent les doutes de nombre d’économistes, à l’image de Ferhat Aït Ali qui se demande comment l’Algérie aurait pu créer 300.000 emplois en six mois en plein ralentissement économique… Un chômage de 10 % est d’autant plus surprenant que celui des jeunes, qui constitue la majorité de la population de 45 millions d’habitants, est réputé frôler les 40 %.
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