Au moins 20 milliards de dollars ont été perdus ces dix dernières années, à cause des « créances douteuses » des banques algériennes.C’est Sammy Oussedik, un expert financier et fondateur de la première banque d’affaires algérienne en 2000, Algiers Investment Partnership (AIP) qui le révèle au journal électronique Algérie-Focus.
Ancien cadre supérieur au crédit populaire d’Algérie (CPA) et à la banque extérieur d’Algérie (BEA), M. Oussedik annonce sans ambages que les banques publiques, qui représentent 80 % du tissu bancaire algérien, ont échoué à transformer leurs ressources financières en emploi.
« Nos banques ont été incapables d’investir leurs liquidités dans des projets d’investissement pour moderniser l’économie de notre pays », indique cet expert qui dénonce le mode de gestion des banques publiques algériennes. Un mode de gestion qui a donné naissance à des « créances douteuses », à savoir les banques algériennes ont fourni des prêts de beaucoup de milliards à des projets économiques qui ne fonctionnent pas ou qui ne sont nullement fiables.
Ces « créances douteuses » ont fait perdre à l’Algérie « au moins 20 milliards de dollars » ces dix dernières années, affirme Sammy Oussedik, qui ajoute que les banques algériennes ont perdu tellement d’argent dans des projets bâclés et bricolés que le Trésor public s’est retrouvé contraint, à maintes reprises, de renflouer leurs caisses en procédant à leur recapitalisation. L’expert explique cette situation catastrophique par le manque de sérieux dans la gestion de l’octroi des crédits bancaires.
Et de citer le cas des entreprises publiques qui sont maintenues sous perfusion et financées, pendant des années, par des crédits bancaires sans aucune efficacité économique. Il cite à titre indicatif Algérie-Télécom, dont les dettes dépassent les 33 milliards de dinars depuis 2004, ou Cosider qui est redevable auprès des banques publiques de la coquette somme de 22 milliards da. La SNTF, la SNVI et d’autres grosses entreprises publiques ne sont pas en reste, selon cet économiste qui parle de manque d’imagination et de solutions économiques.
Selon Sammy Oussedik, l’Etat préserve des emplois en gaspillant des milliards de dollars. Une situation qui ne saurait durer avec la chute brutale des prix du pétrole et, par ricochet, des ressources financières de l’Etat.
Pour y remédier, l’expert juge qu’il est urgent de réformer le système bancaire algérien frappé par ses trois maux : bureaucratie, inefficacité économique et gestion archaïque.
Sammy Oussedik voit que la solution idoine est de privatiser la gestion des banques publiques algériennes et la confier à de grandes banques internationales. « Un projet envisagé depuis 1995, mais la volonté politique n’a jamais été présente », regrette-t-il. Cette solution aurait permis de ne pas privatiser le capital des banques algériennes, mais uniquement leur gestion. « Ce qui apportera de nouvelles méthodes managériales à nos banques et une meilleure efficacité économique », conclute-il.