L’annonce faite par le président des Etats-Unis qui affirmait que l’Arabie saoudite allait augmenter sa production de 2 millions de b/j à sa demande, n’a pas été prise au pied de la lettre.
L’Algérie a de son côté décidé d’augmenter sa production de 26 000 barils par jour à partir du mois d’août. Pas pour satisfaire l’injonction de Donald Trump mais pour respecter la décision prise par les pays de l’Opep et de leurs 11 alliés d’augmenter leur offre lors de la réunion qui s’est tenue le mois dernier à Vienne, en Autriche. «Les pays de l’Opep et leurs partenaires hors Opep ont décidé de compenser le recul des exportations de certains pays, en répartissant la production qui manquait sur le marché au prorata des autres pays. L’Algérie aura donc à produire 26.000 barils/jour de plus, ce qui va ramener sa production totale à 1 106 000 barils/jour», a annoncé hier le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, lors d’une conférence de presse, en marge d’une réunion avec les directeurs de distribution d’électricité. Les 24 pays membres de l’alliance Opep hors Opep ont convenu le 23 juin dernier à Vienne d’augmenter leur production de 1 million de barils par jour tout en préservant leur accord de retirer 1,8 million de barils par jour en vigueur jusqu’à la fin de l’année 2018. Cette hausse contribuera surtout à compenser le retrait de 2,8 millions de b/j provoqué ces derniers mois par les perturbations de la production du Venezuela, de la Libye et de l’Angola, et ne surtout pas compromettre près de deux années d’efforts qui ont permis aux cours de l’or noir de rebondir, enfin, à un niveau acceptable. Pas une goutte de plus. Y aurait-il des pressions pour mettre davantage de pétrole sur le marché? Le ministre algérien de l’Energie est catégorique: «Les décisions ne peuvent être prises qu’unanimement, selon les statuts de l’organisation.» a assuré Mustapha Guitouni. Et l’annonce de Trump? Un coup de bluff? Très possible. Le baril n’en a pas fait cas de toutes les façons.
L’annonce faite par le président américain qui affirmait que l’Arabie saoudite allait augmenter sa production de 2 millions de b/j, à sa demande, n’a pas été prise au pied de la lettre. S’il est tout à fait légitime et normal que le successeur de Barack Obama veuille assurer l’avenir de son pays, sauf que cela ne se fasse pas au détriment d’autres nations qui y aspirent tout aussi légitimement. Qu’elles puissent l’accepter relèverait du masochisme. La démarche du président américain entre dans ce cas de figure.
Il était donc tout à fait attendu que le chef de file de l’Opep n’obtempère pas à lui. Nul n’ignore que le royaume wahhabite a été durement touché par la dégringolade des prix du pétrole qui lui a occasionné un déficit budgétaire historique de près de 100 milliards de dollars en 2015, qui l’a conduit à engager de profondes réformes pour faire face à cette terrible crise financière. Il se retrouve plus que jamais sous la loupe du Fonds monétaire international. Son engagement dans le conflit syrien, la guerre qu’il mène contre les rebelles Houtis au Yémen… sont autant de facteurs qui minent son économie. Ce n’est certainement pas le souci de Donald Trump, mais celui du monarque saoudien. Des considérations qui pèseront dans la balance avant de satisfaire les désiderata du locataire de la Maison-Blanche. Et puis il y a une donnée objective qui contrariera incontestablement les calculs du locataire de la Maison-Blanche. De quoi s’agit-il? «Il ne faut pas oublier que l’Arabie saoudite n’a pas promis de déployer la totalité de ses 2 millions de barils quotidiens, et que même s’ils le voulaient, il leur faudrait plusieurs mois pour produire à ce rythme», a indiqué Tamas Varga, analyste chez PVM. Il faudra ajouter à ce paramètre le marché, une offre qui s’annonce en déclin à un moment, qui sera forcément exacerbée par l’interruption des exportations libyennes alors que les Etats-Unis ont menacé de sanctions les importateurs de pétrole iranien à partir du mois de novembre. «Ces risques viennent s’ajouter à une industrie vénézuélienne en baisse constante tandis que des problèmes d’infrastructures empêchent le pétrole du Sud des Etats-Unis et du Canada d’atteindre le marché international», ont prévenu les analystes de Morgan Stanley, qui soulignent que le marché «épuise ses capacités de production sans augmenter son niveau réel d’extraction». L’or noir peut voir l’avenir en rose. La pression des Etats-Unis ne le fait pas flancher. Hier vers 16h 45, à Alger, le baril s’affichait au-dessus des 77 dollars à Londres et à plus de 13 dollars à New York. Donald Trump n’est pas au bout de ses peines.
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