Incapable de se tirer du trou économique qu’il a creusé sous l’Algérie, le gouvernement de Bouteflika tente actuellement de raviver les flammes de la division et de l’islamisme politique pour se maintenir au pouvoir.
Le déficit commercial de l’Algérie ne cesse actuellement de se creuser. Selon les derniers chiffres des douanes algériennes, la balance commerciale du pays enregistre au premier semestre 2016 un déficit de près de 11 milliards de dollars. Il était d’environ 8,5 milliards pour la même période l’année dernière.
Malgré le choc pétrolier et son implication sur les recettes du pays, tirées essentiellement des exportations des hydrocarbures, les dirigeants de l’Algérie maintiennent obstinément la même stratégie. C’est fondamentalement le maintien du clan Bouteflika au pourvoir qui est visé dans ce qu’il affirme être une transition en douceur.
Les données amassées et mises en forme par le Dr Abderrahmane Mebtoul dans son texte : »L’Algérie face au défi de la diversification de son économie : corriger l’actuelle politique industrielle » publié le 22 juillet montrent la profondeur du trou dans lequel le gouvernement Bouteflika a mis l’Algérie. Un trou qu’il continue d’ailleurs à creuser. En 2014 l’excédent de la balance commerciale de l’Algérie était en diminution 53,49 % par rapport à 2013. Ses données révèlent même en 2015 une récession de 39,91 % par rapport à 2014. Ce choc risque d’aller en augmentant.
Dans un rapport publié en juin, le FMI estime que la valeur des exportations de pétrole et de gaz des pays du Conseil de coopération du Golfe allait baisser de 450 milliards de dollars en 2016 par rapport à 2014.
En plus de montrer que l’économie de l’Algérie se dégrade rapidement ce texte pointe aussi vers le fait que la proportion d’exportation hors hydrocarbure du pays n’a toujours pas augmenté malgré les promesses d’Abdelaziz Bouteflika. Elle aurait même diminué. Selon les données qu’il a accumulées pour les quatre premiers mois de 2016, les hydrocarbures représentent toujours 93,55 % du volume global des exportations. Ces exportations hors hydrocarbures auraient cependant diminué de 22,83 % par rapport à celles de la première moitié de 2015.
La diversification économique de l’Algérie ne s’est donc pas produite jusqu’à maintenant. Les propos du chef de division du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jean-François Dauphin, comme quoi plus l’Algérie accélèrera la mise en œuvre des réformes pour changer son modèle économique, mieux elle se portera, n’ont qu’un effet limité sur le gouvernement. Les récents commentaires du directeur général du commerce extérieur au département du Commerce, Saïd Djellab, ne sont pas plus encourageants au sujet de l’intégration de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce.
Le gouvernement tarde toujours de se conformer aux demandes de l’OMC, une structure où se réalise la presque totalité des échanges commerciaux au monde. Incapable d’appliquer les règles de l’OMC, le gouvernement Bouteflika se tourne donc vers l’Afrique. Une politique qu’il voit comme une panacée malgré la faiblesse de ces marchés. Les pays africains ont vu le stock de leur dette s’accroître en moyenne de 7,8 % par an de 2006 à 2009. Un taux qui aurait même atteint 10 % par an entre 2011 et 2013. La dette totale de l’Afrique serait donc aux environs de 450 milliards de dollars en 2013, soit plus de 20 % des revenus bruts.
Sans prise solide sur l’économie de son pays, le gouvernement se résout donc à la vieille méthode de le soumettre par l’islam politique. S’il ne peut diriger l’Algérie par la compétence et l’unité, il la dominera jusqu’à la fin par la foi et la division. Une bonne preuve que le gouvernement s’appuie sur la division pour régner peut être vue dans le fait qu’après quatre mandats de Bouteflika, son pays est actuellement considéré comme le plus raciste de la planète selon les organismes Open Borders for Refugees et Stop Dis Crime In Nations.
Selon eux, c’est là que se commettraient le plus de crimes racistes routiers au monde. Pour l’année 2015 seulement, le nombre mort sur les routes lié à un crime raciste routier s’y élèverait à environ 21 000. Les noirs, les Européens et les Asiatiques en seraient les principales victimes.
La secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, affirmait d’ailleurs récemment que la gouvernance actuelle au pays faisait le terreau du terrorisme. Redisant ce que plusieurs ont déjà remarqué, elle mettait les Algériens en garde contre les conséquences des orientations économiques et sociales du gouvernement Bouteflika. Les propos de la secrétaire générale visent plus précisément les récentes atteintes aux libertés individuelles et collectives des Algériens.
Au lieu de montrer cette situation, certains médias d’États deviennent de plus en plus des coquilles vides qui diffusent la propagande gouvernementale sans aucune forme de critique ni de relation avec la réalité. Louisa Hanoune dénonce aussi le pouvoir exécutif qui fait pression sur la justice et adopte des lois antidémocratiques. Elle pointe du doigt la loi de finances 2016 et le code de l’investissement qui aident la minorité au pouvoir au détriment de la population.
Devant cette situation dramatique qui va en s’empirant, Louisa Hanoune semble avoir actuellement la meilleure ligne d’action. Elle incite les étudiants à s’organiser et à faire barrage à ce qu’elle considère être des dérives meurtrières pour la nation. Face à un gouvernement qui pourrait être qualifié au mieux de gérontocratie incompétente, la jeunesse algérienne instruite et éduquée est naturellement la voie d’avenir la plus prometteuse.