L’Algérie est-elle en train de laisser tomber la France pour la Chine ?

L’Algérie est-elle en train de laisser tomber la France pour la Chine ?

Depuis l’indépendance, la France constitue le principal partenaire économique de l’Algérie. Hydrocarbures, agroalimentaire, énergie, technologie… les échanges entre les deux pays touchent tous les secteurs clés de l’économie. Mais ces dernières années, Alger semble vouloir changer de fusil d’épaule

Les signes qui montrent cette volonté d’émancipation se multiplient. L’Algérie a, par exemple, intensifié ses relations avec l’Italie dans le domaine du gaz et de l’industrie automobile. D’un autre côté, notre pays se porte candidat pour adhérer aux BRICS dès cette année (2023).

Cependant, sans que cela ne fasse grand bruit, c’est la Chine qui est en passe de supplanter la France en tant que partenaire économique de l’Algérie. En effet, les investissements chinois en Algérie ne cessent de croître depuis cinq ans.

? À LIRE AUSSI : Tebboune se rendra en Chine durant l’année en cours (2023)

D’ailleurs, un récent rapport de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) indique que l’Algérie est le pays qui reçoit le plus d’investissements chinois en Afrique du Nord. Ainsi, entre 2005 et 2020 l’Empire du Milieu a investi la somme de 24 milliards USD chez nous, dans le secteur des infrastructures civiles essentiellement.

Ce que révèle le retrait de TotalEnergie du projet de l’usine de polypropylène

Drapeau chinois et drapeau algérien

L’Algérie est le pays d’Afrique du Nord où la chine investit le plus d’argent. Le montant des investissements chinois en Algérie entre 2005 et 2020 s’élève à 24 milliards USD.

Tout récemment, comme nous l’avons rapporté sur les colonnes d’Algérie360, la société algérienne des hydrocarbures, SONATRACH, a signé un accord de 1,5 milliard USD avec le consortium Petrofac-HQC pour la conception et la construction d’un complexe pétrochimique à Oran. Ce dernier produira 550 000 tonnes/an de polypropylène.

Ce projet, SONATRACH devait initialement le réaliser avec TotalEnergie. Cependant, l’usine a buté sur des problèmes administratifs et les travaux n’ont jamais commencé. Le groupe français a finalement décidé, en mai 2023, de jeter l’éponge.

? À LIRE AUSSI : Le français Total laisse tomber un projet de 1,5 milliard USD avec la Sonatrach

Il n’en demeure pas moins que le choix des autorités algériennes de poursuivre le projet avec la société chinoise HQC reflète, d’après plusieurs analystes, une volonté politique de renforcer la coopération avec la Chine au détriment de la France.

Après le bâtiment, la Chine compte investir dans les secteurs stratégiques de l’économie algérienne

Le premier ministre algérien, Aïmene Benabderrahmane, et le président chinois, Xi Jinping.

Le Premier ministre algérien, Aïmene Benabderrahmane, et le Président chinois, Xi Jinping.

Du 15 au 18 mai, des dirigeants de Sonatrach, d’Asmidal et d’Algérie Mines se sont rendus en Chine pour y conclure de nouveaux accords. Le communiqué de Sonatrach précise que cette visite s’inscrit dans le cadre du « développement de la filière du phosphate, projet porté par la Société algéro-chinoise des engrais. »

« Asmidal, Algérie Mines et les deux sociétés chinoises, Wuhuan et Tian An, exploiteront la mine de phosphate de wilaya de Tébessa. Elles assureront aussi la fabrication d’engrais phosphatés et azotés ainsi que d’autres produits chimiques dans la wilaya de Souk Ahras », ajoute la même source.

? À LIRE AUSSI : L’armée algérienne veut acquérir le lanceur de missiles chinois SY-400

La délégation algérienne a rencontré les dirigeant de China National Petroleum Corporation, une compagnie qui opère en Algérie à travers ses filiales Kunlun Digital, HQC, Huawei et Power. Les deux parties ont ainsi discuté des « opportunités d’investissement dans le domaine des énergies renouvelables, de la transition numérique et des nouvelles technologies utilisées dans les hydrocarbures ».

En outre, le projet de port d’El Hamdania à Cherchell (wilaya de Tipaza) est financé, en grande partie, par un crédit à long terme de la banque chinoise Exim Bank of China. La Chine représente ainsi le plus grand bailleur de fonds de ce projet. L’exploitation de l’infrastructure reviendra à la société Shanghai Ports.

En conclusion

Le renforcement des relations algéro-chinoises et l’extension de la coopération entre les deux pays à l’énergie, la logistique et la technologie semblent constituer un partenariat gagnant-gagnant. D’un côté, la Chine pourra avancer dans son projet de nouvelle route de la soie, baptisé Belt and Road Initiative (BRI). De l’autre, les IDE chinois permettront à l’Algérie de relancer son économie, d’appuyer son dossier d’adhésion au BRICS, mais aussi de s’émanciper de la tutelle française.