L’Algérie : état des lieux et esquisse de solutions

L’Algérie : état des lieux et esquisse de solutions

L’Algérie se trouve au plus mal. Pas un seul de ses segments d’activités : culturel, économique, sociaux… ne soit épargné. Ses caisses sont vides. Sa souveraineté alimentaire est dépendante des importations massives à plus de 80%. Sa culture, sa politique et sa morale se trouve dans le caniveau. Partout le peuple gronde. Il a légitiment et définitivement retiré sa confiance à ses dirigeants. Sa paix sociale se trouve menacée de manière réelle et présent.

Au Sud, le réchauffement climatique et des activités néfastes de l’homme font irrémédiablement monter le Sahara à la vitesse d’un cheval au galop, dévaste des terres agricoles et de pacage, assèche des sources et des puits d’eau ou les rend salins, impropres à la consommation humaine, animale et à l’arrosage des cultures.

Au Nord, les mêmes cause font qu’océans et mers gonflent, montent, les tempêtes se multiplient et redoublent de force et de férocité, ravagent des plages, arrachent des quartiers résidentiels et érodent des terre de culture autrefois à haut rendement.

Au Centre, les grands domaines qui symbolisaient autrefois le grand colonat, la fameuse Trappe de Borgeaud, l’actuel Bouchaoui, les domaines de Germain… des terres grasses et généreuses, des vergers luxuriants, ont été livré à la mafia du foncier. De couleur vert du paradis ont définitivement viré au gris béton et au noir macadam.

En 1962 l’Algérie comptait neuf millions d’habitants. Elle en compte actuellement 40 millions. A l’heure de la décolonisation et de son accession à l’indépendance, sa production agricole était cinq fois supérieure à ses besoins. Elle en exportait vers la France et autres pays européens son excédent, soit 3/4 de sa production nationale.

L’Algérie a délibérément ruiné son agriculture. Elle a confié sa souveraineté alimentaire à des spéculateurs sans vergogne. Actuellement, l’Algérie importent plus de 80% de ses besoins en céréales, en légumes secs et à plus de 50% de légumes et fruits frais. Le coût annuel de ses importations incompressibles est estimé à 40 milliards de dollars.

Cette tendance ira en s’aggravant. L’Algérie qui fut surnommée le « grenier à blé de Rome », pays agricole par excellence, voie sa surface agricole se rétrécir comme peau de chagrin et à jamais stérile. Ses ressources en devises étrangères, soit plus de 97%, reposent sur son gaz et son pétrole dont les prix se sont littéralement fondus comme neige au soleil.

Qu’en sera-t-il dans 20 ans, quand la population algérienne comptera 80 millions d’habitants, le pétrole et le gaz totalement épuisés ?

Esquisse d’un projet révolutionnaire. Je propose, en plusieurs étapes, une esquisse d’un projet révolution de développement global. Sa conception sera l’œuvre de cerveaux algériens, sa réalisation par une main-d’œuvre locale et financièrement auto-entretenu.

Dans un délai maximum de cinq années, l’Algérie doit recouvrer sa souveraineté alimentaire à un niveau égale ou supérieur à 80%. En prévision des aléas climatiques, se constituer une réserve stratégique pour trois années, éradiquer de sa surface toute forme d’habitat indigne, la débarrasser complètement de sa corruption, développer des structures touristiques au moins égales à celles des pays voisins, du Maroc et de la Tunisie.

Le peuple algérien (berbères, arabes, croyants ou autres) a une histoire, des valeurs mais aussi des vices. La modernité a les mêmes défauts mais plus nombreux et plus graves. L’Algérien de demain doit apprendre à se servir d’un crible à mailles serrées pour séparer ses vertus de ses vices traditionnels et de la modernité et en faire une synthèse.

Aussi doit-il étudier, avec minutie et sans parti pris : crises, catastrophes et tragédies qui se sont nouées ailleurs, en d’autres temps et autres lieux et comment ont-elles trouvé leurs issues. On constatera que notre sort est grave mais pas désespéré. Des solutions existent.

L’Algérien, si on lui fait confiance, est capable de faire des miracles. Dans un passé récent, il a forcé l’admiration du monde. Il a fait preuve d’un courage et d’une générosité exemplaire. Cependant, aliéner sa liberté, se battre avec un fusil jusqu’au sacrifice suprême pour se libérer du joug d’un colonisateur relève certes de la haute noblesse mais, fonder un Etat de droit modernes à partir de rien, respectueux de ses propres droits et de ceux d’autrui, nécessite un personnel politique autre que celui que l’Algérie pouvait aligner en 1962.

Autrement dit, certain erreurs commises par certains dirigeants algériens, civils et militaires, étaient de bonne foi, inévitables, prescriptibles et pardonnables. En revanche, les nier et continuer à en commettre d’autres relèverait de crimes imprescriptibles et inexcusables.

La classe politique algérienne doit reconnaître ses erreurs passées, éviter d’en commettre d’autre dans le présent et l’avenir en proposant un nouveau régime politique fondé sur l’antique principe : « Vox populi vox dei ».

Aissa Nedjari