L’Algérie, au même titre que les pays de la planète, est sérieusement menacée par les bouleversements climatiques et doit faire face aux changements climatiques qui induisent des phénomènes météorologiques extrêmes ainsi que des changements associés aux altérations climatiques observés sur ses écosystèmes terrestres et marins. Face à cette problématique, une journée d’étude sur “les phénomènes météorologiques extrêmes” s’est déroulée, hier, à l’Institut hydrométéorologique de formation et de recherches (IHFR) d’Oran, avec la participation de scientifiques venus d’Alger et de Maghnia en plus des enseignants de l’IHFR. Sujet de l’heure, les changements climatiques font craindre le pire et pour y faire face l’Algérie a mis en place un plan national climat (PNC) à la lumière des risques majeurs qui la menacent. Le président du comité scientifique de cette journée, l’expert international Mahi Tabet Aoul, a développé, lors de son intervention, cet aspect de la question indiquant que les priorités du PNC concernent les risques majeurs dont la submersion du littoral qu’il estime être le premier problème dont les gens n’ont pas encore conscience. “Le littoral est en train de s’user et de s’éroder menaçant l’économie nationale”, explique-t-il, parlant également du relèvement du niveau marin et de l’impact sur les écosystèmes marins. “La dégradation de l’écosystème marin en Algérie est une réalité”. Il évoque également les inondations, les feux de forêt “qui détruisent chaque année 20 à 30 ha alors que le reboisement n’est que de 3 à 4 ha” ainsi qu’une canicule hors saison “qui se produit même en période froide, ce qui perturbe tout”, la santé humaine avec des maladies tropicales, comme le paludisme, certaines zoonoses ou la leishmaniose, qui deviennent autochtones, ajoute l’intervenant, expliquant que le microbe s’est adapté au climat algérien. Mais pour Mahi Tabet Aoul, rien ne peut se faire “sans un minimum d’organisation”, en créant des comités de pilotage en attendant que la loi sur le climat voit le jour. “Il faut désigner un organe au niveau de l’État qui puisse coordonner aujourd’hui en attendant demain”, insiste-t-il. Quant à la polémique qui a éclaté, en septembre dernier, entre le ministère de l’Intérieur et l’Office national de la météorologie (ONM) à propos de l’existence de bulletin météo spécial (BMS) pour prévenir les autorités des risques d’inondations, l’expert a indiqué que le problème qui existe actuellement est celui de la communication, mais pour cela, il faut une organisation “qui n’existe pas”. “Il faut créer un centre opérationnel pour la prévision et les services d’intervention et je pense que le ministère de l’Intérieur est en train de penser à cela, seulement ça coûte cher”, ajoute-t-il. La menace étant réelle, le département de l’Intérieur est en train de créer des points focaux au niveau de chaque wilaya, “une sorte de monsieur catastrophe au niveau du wali ainsi que des délégués au niveau communal, chargés des catastrophes, qui seront en contact avec ces points focaux”, a annoncé notre interlocuteur. Mahi Tabet Aoul a également indiqué que l’Algérie est en train de formuler une demande pour bénéficier du Fonds vert climat, créé en 2012, avec les Accords de Paris, estimé à 100 milliards de dollars.
Saïd OUSSAD