Le président Tebboune a accordé, hier mardi, un entretien à la presse nationale. Plusieurs sujets brûlants ont été évoqués, dont celui des détenus d’opinion. Pour le chef de l’État, l’Algérie «ne compte aucun détenu d’opinion».
Lors de sa rencontre périodique avec la presse nationale, le président Tebboune, répondant à une question portant sur les détenus d’opinion, a indiqué qu’il n’y a pas de détenus d’opinion en Algérie. Le chef de l’État explique que «la construction de la démocratie passe par une liberté d’expression réelle et responsable et non pas la liberté de sabotage».
Tebboune pointe une « cinquième colonne »
« L’opposition au pouvoir et la liberté d’expression sont garanties par la Constitution », assure le président Tebboune qui, d’un autre côté, souligne que cela ne veut pas dire « semer la zizanie et le chaos ou encore porter atteinte à l’ordre public ».
Le chef de l’État affirme, à titre d’exemple, que « porter atteinte à l’Armée nationale populaire (ANP) est comme travailler pour une cinquième colonne dont l’objectif est de nuire au moral de l’armée ». Il indique que « certains ont fait cela en collaboration avec des ambassades étrangères ».
Le président Tebboune, qui a confirmé le dégel des relations avec la France, a également assuré que « la Constitution garantit la liberté d’expression » et qu’un « recul des cas d’attaques et de diffamation à travers ces espaces étant donné que les injures sont désormais un acte puni par la loi ».
Plaidant pour « une démocratie responsable », le président Tebboune ne manque pas aussi de fustiger ceux qui « refusent de demander des autorisations pour tenir des sit-in ». « ils doivent en assumer la responsabilité », lâche le président Tebboune, qui ajoute que « la loi est claire et toute violation de cette dernière ou atteinte à l’ordre public est considérée comme un acte dangereux ».
La liberté d’expression face à la « démocratie responsable » ?
Pour le chef de l’Etat, « la liberté d’expression ne signifie nullement porter atteinte à la liberté pour laquelle les martyrs de la nation se sont sacrifiés ».
Alors qu’un chef de parti politique, Fethi Gherras, secrétaire général du MDS, se trouve actuellement en prison, et que le PST a été suspendu, le président Tebboune s’est également penché sur l’exercice de la politique en Algérie, et sur certaines pressions et restrictions qui sont imposées aux activités des partis politiques de l’opposition.
Selon le chef de l’État, « les autorités n’ont aucun profit à tirer » en mettant la pression sur les partis politiques. Il ajoute que « toutefois, défier les autorités en refusant de soumettre des demandes d’accréditation pour constituer des partis est une question qui doit nous interpeller ».
Le président Tebboune estime que « une démocratie est une école et une affaire de société. Celui qui s’adapte avec la démocratie vivra paisiblement ».
Les arrestation débouchent sur des grèves de la faim
Le sujet des détenus d’opinion est sur toutes les lèvres depuis le soulèvement populaire du 22 février 2019, qui a mis fin à l’ère Bouteflika. Depuis, plusieurs vagues d’arrestation ont dévasté le pays. Ces arrestations auxquelles s’ajoutent les mandats de dépôt et les condamnations, ont débouché sur des grèves de la faim chez certains détenus.
À travers tout le territoire national, plusieurs arrestations sont recensées chaque jour. Selon le CNLD, il ne se passe plus un jour sans que de nouvelles condamnations, arrestations et mises sous mandats de dépôt ne soient prononcées par la justice.
Dans les prisons, certains détenus d’opinion attendent leur procès depuis des mois. Ces détenus, dont beaucoup se sont retrouvés en prison suite à leur participation à des manifestations, ont décidé d’entamer une grève de la faim pour protester contre leur emprisonnement jugé « arbitraire » par leurs avocats.
Le ministère de la Justice, après avoir démenti l’information, a décidé de transférer les détenus grévistes vers d’autres prisons du pays. Selon le comité National pour la Libération des Détenus (CNLD), pas moins de 23 détenus en gréve de la faim ont été transférés de la prison d’El Harrach vers les prisons de Bouira et de Berrouaguia.