Simple bon sens. Il n’est plus possible de continuer avec une balance commerciale déficitaire. Depuis la chute du prix du baril en 2014, l’Algérie a pu amortir le choc durant ces trois dernières années. Elle n’a pas subi, contrairement aux attentes de certains milieux hostiles, le sort du «Titanic» comme a bien fait de le rappeller le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Ce tour de force n’a été possible que grâce aux mesures anticipatrices prises par le président Abdelaziz Bouteflika. Notamment le remboursement anticipé de la dette extérieure, la constitution du Fonds de régulation des recettes ainsi que la constitution des réserves de changes. Cependant, il était clair que tous ces «airbags» n’avaient pas une durée de vie illimitée.
A la fin de cette année, nos réserves de changes, qui avaient atteint les 200 milliards de dollars, sont passées sous la barre des 100 milliards de dollars. C’est donc le moment de penser aux autres moyens de substitution au «bas de laine» qui rétrécit à vue d’oeil. Ouyahia a parlé de la suspension d’importation de 1000 produits en 2018. Il s’agit des équivalents que la production nationale est en mesure d’assurer au marché national. Quoi de plus normal? Même s’ils n’ont pas atteint le top niveau de qualité pour faire face à la concurrence étrangère. Ouyahia a cité l’exemple de l’Occident, avec ses siècles d’expérience, qui n’arrive pas à supplanter la concurrence chinoise.
Il a ajouté que nos producteurs nationaux n’avaient que 55 ans d’expérience. C’est-à-dire depuis l’indépendance. Ceci est vrai pour les entreprises publiques, mais pas pour le privé qui lui n’a que l’âge de l’ouverture économique. C’est-à-dire depuis 1990. Sans oublier les «années blanches» de la décennie du terrorisme. A sa décharge, la production nationale n’existe réellement que depuis 20 ans. Ce qui est court, mais ne la dispense pas de persévérer et fournir plus d’efforts pour améliorer sa qualité. Ce n’est pas non plus un argument pour rejeter le «made in bladi». Au-delà de l’emballage moyen, les produits en eux-mêmes sont plus que convenables. Ajoutons à cela leurs prix qui sont, forcément, imbattables.
Et si cela n’était pas suffisant pour convaincre, disons simplement que nos moyens financiers ne nous autorisent plus à «faire la fine bouche». Nous ne pouvons plus vivre au- dessus de nos moyens. Sauf à retourner au FMI comme en 1986 avec les conséquences dramatiques dont tout le monde se souvient. Pour garder notre souveraineté, la stabilité et la paix dans notre pays, l’équation est simple. Avec un baril autour de 60 dollars, les prévisions de nos recettes annuelles avoisinent les 35 milliards de dollars. Ce qui explique pourquoi le gouvernement compte faire passer nos importations de 45 milliards de dollars en 2017 à 30 milliards de dollars en 2018. Juste pour équilibrer la balance commerciale.
En attendant que nos exportations hors hydrocarbures viennent renforcer nos capacités financières. C’est l’unique solution durable. Elle est à notre portée. Avec plus de travail et d’efforts. Comme le font les Chinois. Comme le font les Allemands. Comme le peuvent les Algériens. Sans complexe aucun!