Le gouvernement algérien a donné l’ordre à ses agences de voyage de couper les relations avec l’Espagne, suite à la décision d’Alger de suspendre le Traité d’amitié signé avec l’Espagne il y a près de 20 ans en représailles à son soutien au plan d’autonomie du Maroc sur le Sahara occidental.
La situation entre l’Algérie et l’Espagne se creuse
Les autorités algériennes ont demandé de cesser toutes les opérations des agences de voyage locales avec les tour-opérateurs espagnols. La mesure a été décidée de manière unilatérale par les autorités de la région, qui ont distribué une circulaire avec l’en-tête du ministère du Tourisme, dans laquelle elles signalent que, « dans le cadre de l’application de la décision des hautes autorités du pays de suspendre le traité d’amitié signé le 8 octobre 2002, il est demandé aux agences de voyage de suspendre immédiatement toutes les relations de travail avec ce pays ».
Le ministère algérien du tourisme a également souligné dans ce communiqué que « toute relation de travail avec ce pays doit être suspendue immédiatement ». L’Algérie a annoncé le 8 juin la suspension du Traité d’amitié avec l’Espagne. Cela après avoir appelé à des consultations son ambassadeur à Madrid le 19 mars après avoir fait connaître au Maroc la lettre de Pedro Sánchez au roi Mohamed VI dans laquelle il soutenait que le plan d’autonomie marocain pour le Sahara était « la base la plus solide, crédible et réaliste » pour résoudre le conflit. Pour celles et ceux qui souhaitaient voyager cet été en Espagne, il vaut mieux changer de destination ou se contenter d’une tente dans le jardin tant que la situation n’est pas rétablie.
Les économistes espagnols pressent de rétablir les relations avec l’Algérie
Le secrétaire général du Collège des Économistes de la Région de Murcie, Francisco Fuentes Campuzano, a appelé l’attention sur la nécessité pour l’État de rétablir les relations commerciales avec l’Algérie afin d’éviter que les effets de cette déconnexion n’affectent le chiffre d’affaires de quelque 180 entreprises murciennes. Dans des déclarations à Europa Press, Fuentes Campuzano a expliqué que le pays du Maghreb avait cessé d’être un partenaire privilégié de l’Espagne, ce qui pourrait avoir, si la situation ne s’inversait pas, des effets négatifs importants sur la région en matière d’emploi, facturation et commerce.
À cet égard, il a rappelé que l’Algérie est l’une des principales destinations exportatrices de la Région, notamment pour le bétail vivant, les conserves, les produits chimiques ou le ciment. « Si ces relations commerciales ne sont pas rétablies, le dommage est évident. Un marché de près de 200 millions d’euros pour l’économie régionale nous est interdit par une décision strictement politique », a précisé l’expert, pour qui « il est urgent de prendre des mesures, mais politiques, non économiques », car ce n’est pas « une guerre comme en Ukraine ».
Il a voulu préciser qu’il s’agissait d’un conflit « strictement politique », avec lequel l’administration compétente, le gouvernement central, doit miser sur le rétablissement des relations. Il a également averti que le scénario actuel est marqué par « l’incertitude », tout en soulignant qu’il y a aussi « une certaine certitude » quant au fait que des entreprises murciennes subissent déjà des blocages dans les paiements de la part des banques algériennes.
Si la relation commerciale n’était pas rétablie, « les entreprises verraient leur chiffre d’affaires diminuer et seraient compromises, car il faut ajouter l’augmentation des coûts de production et d’énergie que nous subissons depuis un an. Ce n’est pas le moment de perdre des clients », a-t-il ajouté. En ce qui concerne le gaz, le secrétaire général des économistes de Murcie a indiqué que « nous ne nous attendons pas à une rupture des contrats en vigueur, même si nous verrons quand il faudra les renouveler ».