Alors que l’Europe fait déjà face à une crise de gaz, la crise ukrainienne pourrait aggraver la situation, d’autant qu’elle menace les livraisons russes en la matière. Se trouvant parmi les fournisseurs de l’Europe, l’Algérie pourrait-elle jouer le rôle d’alternative au gaz russe si la situation empirait ?
Actuellement, la Russie fournit plus de 40% des importations européennes de gaz. Or, l’Europe pourra compter sur d’autres sources d’approvisionnement si la crise ukrainienne empire. Étant déjà parmi les principaux fournisseurs de l’Europe, l’Algérie se retrouve face à une aubaine en or pour conquérir le marché.
Or, selon les analystes et acteurs du domaine, la capacité de production actuelle ne joue pas à la faveur de l’Algérie. Il convient tout de même de rappeler que l’Algérie est reliée au continent européen par trois gazoducs pour transporter le gaz, dont le GME qui était suspendu et deux autres qui sont toujours en service.
Le premier gazoduc relie l’Algérie à l’Italie (l’île de Sicile) via la Tunisie, d’une capacité annuelle de 30 milliards de mètres cubes et a été inaugurée en 1984. Le second, part de Béni Saf vers la ville d’Almeria au sud de l’Espagne par la Méditerranée.
Ce dernier n’est autre que le Medgaz qui a une capacité annuelle de 8 milliards de mètres cubes. Des travaux d’extension sont déjà lancés pour qu’il atteigne un volume annuel de 10,6 milliards de mètres cubes. Rappelons que le GME qui reliait l’Algérie à l’Espagne via le Maroc avait été fermé début novembre dernier.
Pourquoi l’Algérie ne pourra pas remplacer le gaz russe en Europe ?
La possibilité que l’Algérie soit une alternative pour l’Europe si la Russie décide de cesser l’approvisionnement ne fait pas l’unanimité. Pour un ancien PDG de la Sonatrach, rapporté anonymement par l’Agence Andalou, l’Algérie ne pourra pas remplacer le gaz russe en Europe.
À ce propos, il estime que cela revient essentiellement à la différence de production entre ces deux pays. À ce propos, l’ancien PDG de Sonatrach, explique que l’Algérie exporte au mieux entre 20 à 30 milliards de mètres cubes vers l’Italie, et environ 12 milliards vers le Portugal et l’Espagne, et d’autres quantités vers la France, la Turquie, la Grèce et d’autres pays.
Selon lui, « les quantités de gaz que l’Algérie exporte annuellement vers l’Europe dépassent 42 milliards de mètres cubes, alors qu’un seul gazoduc russe peut largement acheminer ces quantités ».
Ainsi, il indique « qu’en toute objectivité, il n’y a actuellement aucun pays qui pourra rivaliser avec la production russe de gaz ». Or, il souligne qu’il y a « des tentatives européennes pour réduire la dépendance au gaz russe, par le biais d’autres sources telles que l’Algérie, le Qatar et les États-Unis ».
De son côté, l’expert et ancien professeur de sciences politiques et de relations internationales à l’Université d’Alger, rapporté par la même source estime que l’Algérie ne peut pas remplacer le gaz russe au motif que la production n’est pas suffisante pour couvrir les approvisionnements de ce pays.
Selon lui, les gazoducs russes approvisionnant l’Europe en gaz ont une plus grande capacité de transport à partir des sites gaziers. Ces derniers ont également une production plus importante par rapport à ce que produit l’Algérie.