Le discours officiel sur le dossier de l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) estil en train de suivre une évolution en dents de scie, confirmant par là, une certaine incohérence dans la position de notre pays à l’égard d’un processus, il est vrai, plein d’enjeux ?
Il suffit en effet de comparer les déclarations de l’actuel ministre du Commerce, Mustapha Benbada, et de son prédécesseur, El Hachemi Djaâboub, pour se rendre compte que peut-être en haut lieu, on ne sait pas encore sur quel pied danser dans ce dossier.
Pas plus loin que mardi dernier, le tout nouveau ministre du Commerce a déclaré que l’Algérie « n’est pas pressée » d’adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et que son accession à cet espace devrait prendre en considération ses intérêts économiques.
« Nous avions répondu aux 96 questions », émanant de l’Union européenne et des Etats Unis, mais « nous ne sommes pas pressés d’adhérer à cette Organisation », a-t-il expliqué en marge de la présentation du projet de Loi sur la concurrence à l’Assemblée nationale. M. Benbada estime en effet que « la conjoncture internationale prof ite actuellement à l’Algérie », en allusion à la crise économique qui a fait susciter un mouvement de protectionnisme à travers le monde.
Le ministre a toutefois souligné que l’Algérie «souhaitait l’adhésion à cet espace économique mondial, mais avec les conditions qui lui sont favorables et qui préservent ses intérêts économiques ». Il s’agit là indubitablement d’un durcissement de la position de notre pays à l’égard du processus d’adhésion à l’Organisation mondiale.
Une position qui tranche avec les déclarations soufflant le chaud et le froid de l’ancien ministre du Commerce qui, en l’espace d’un mois et demi, avait défendu deux postures diamétralement opposées sur le dossier.
Ainsi, après avoir traité de tous les noms l’Organisation mondiale du commerce en février dernier, M. Djaâboub, n’avait apparemment pas eu froid aux yeux pour effectuer un virage à 180 degré et recommander une adhésion rapide de l’Algérie à l’Organisation en question.
Les observateurs n’hésitaient d’ailleurs pas à s’interroger, quelle mouche avait piqué le ministre pour réviser sa position sur le sujet en un temps aussi cours ? M. Djaâboub estimait d’ailleurs qu’il «serait moins coûteux d’adhérer maintenant à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), que de le faire dans quelques années».
Un discours qui contraste fondamentalement avec les propos qu’il avait tenus, il y’a quelques semaines, lorsqu’il avait qualif ié de «cruels», les responsables de l’Organisation dans leur comportement à l’égard des pays qui ne font pas partie des adhérents.
Le mot «cruauté» qu’il avait employé avait poussé à bien des interrogations parmi les observateurs restés dubitatifs sur les intentions du Gouvernement à l’égard du processus d’adhésion à l’OMC. Mais, quelques semaines après, Djaâboub tient un tout autre discours. Pour lui, «la place de l’Algérie se trouve au sein de cet espace commercial international, il n’y a pas lieu d’opter pour la politique de la chaise vide».
On ne saura pas plus sur cet empressement à aller rejoindre l’OMC. Est-ce cela qui a coûté à Djaâboub son poste de ministre du Commerce ? Fort probable quand on voit la position servie avant-hier par son successeur sur le dossier.
Son camarade du MSP, en l’occurrence Benbada, met donc un frein à cette impatience manifestée par son prédécesseur sur la question. Mais, ce serait naïf de croire que les deux compères ont exprimé leurs propres perceptions sur le processus d’adhésion. Dans tous les cas de figure, c’est la position de l’Algérie qui ressort.
La crise financière mondiale et ce qu’elle a charrié en terme de changement de conception, des systèmes économiques ont conforté l’Algérie dans le traitement qu’elle a jusqu’ici opposés au processus d’adhésion. En effet, 19 questions sur les 96 posées par les membres de l’OMC, notamment les Etats-Unis et l’Europe, ont une incidence (politique) directe sur l’économie nationale. Des raisons qui ont poussé le Gouvernement algérien à refuser carrément de répondre aux questionnements de ses vis-à-vis.
Ces questions sont principalement liées entre autres aux licences d’importation, à la double tarif ication gazière, aux subventions à l’exportation, à la réglementation sur les prix, notamment des carburants, aux mesures sanitaires et phytosanitaires et aux obstacles techniques au commerce (normes), et à l’importation des véhicules d’occasion.
Mais, à tout cela est venu s’ajouter la batterie de loi sur la réglementation des investissements étrangers fixée par la controversée Loi des finances complémentaires 2009.
Cette nouvelle orientation est à l’évidence à l’opposé de la conception que se font les membres de l’OMC de l’acte d’investir. C’est dire que telles, que les choses se présentent actuellement l’adhésion de l’Algérie à l’OMC ne fait que s’éloigner.
A. Bachiri