Chez les Fennecs, 17 des 23 sélectionnés sont nés en France…
Alors que l’Algérie prépare son match historique contre la Russie de jeudi, les Fennecs se battent aussi contre les chiffres. Avec 17 joueurs sur un groupe de 23 qui sont nés en France, la formation de Vahid Halilhodzic n’aime pas beaucoup qu’on la surnomme «l’autre équipe de France». Et ça se comprend.
«On joue pour un seul pays, et pas deux, ou trois… On est l’Algérie, on est des Algériens. Et c’est pour ça qu’on va dans le même sens, qu’on a les mêmes envies», assure Yacine Brahimi, lui-même né à Paris et formé à Rennes. Son parcours, comme tant d’autres, a été rendu possible par un intense lobbying de la fédération algérienne. Qui a débouché en 2009 avec la «loi Raouaraoua», qui permet à un joueur binational de changer de sélection jusque chez les Espoirs.
Depuis son arrivée aux commandes de l’Algérie, Vahid Halilhodzic en a bien profité, puisant largement dans le vivier des «zmigris» (terme péjoratif utilisé par les Algériens pour décrire les émigrés). Dernière bagarre en date? Celle pour s’arracher Nabil Bentaleb, le milieu de terrain de Tottenham. Né à Lille, il a disputé une rencontre avec l’équipe de France des U19 fin 2012, avant de décider de rejoindre l’Algérie en janvier 2014.
Ghilas: «Il n’y a pas ce côté, ‘’ils sont nés en Algérie ils restent entre eux’’»
Dans le groupe algérien, on assure que ces greffes ne posent aucun problème. «Il n’y a pas de différences, assure Essaïd Belkalem, qui a lui vu le jour en Algérie. Le foot c’est quand même quelque chose qui nous permet de nous unir». Confirmation de Nabil Ghilas, originaire de Marseille: «Entre Algériens, on s’entend tous malgré le fait qu’on soit nés en France. On est tous des frères, on est tous solidaires. Il n’y a pas ce côté, ‘’ils sont nés en Algérie ils restent entre eux’’», promet l’attaquant de Porto.
Et quand les résultats sont là, les supporters aussi ne grognent plus. «Quand tu as le maillot de l’Algérie, tu peux t’appeler je sais pas comment, mais c’est pareil pour eux», sourit Yacine Brahimi. Dernières voix discordantes? Celles qui pointent du doigt les conséquences sur la formation algérienne, à l’image du journal El Watan il y a quelques jours: «Tant que les responsables du sport-roi s’auto-suffissent en récupérant « un produit fini d’outre-mer », pour reprendre l’expression d’un technicien, il ne faut pas s’attendre à voir le football national sortir de sa léthargie, même avec des qualifications régulières pour la Coupe du monde.» Vu comme ça, une qualification en 8e ne changerait pas grand-chose.