Il semble que la brouille entre Alger et Madrid qui dure depuis près de 19 mois serait sur le point de connaître son épilogue, pour ouvrir ainsi la voie à une réconciliation diplomatique et économique. C’est ce qu’a révélé le journal espagnol El Confidencial dans son édition d’hier (dimanche 5 novembre).
D’après cette même source, l’Algérie devrait nommer un ambassadeur en Espagne très prochainement. Un geste qui mettra fin, partiellement au moins, à la crise entre les deux pays qui avait éclaté en mars 2022 suite au volt-face de l’Espagne sur le dossier du Sahara occidental pour s’aligner sur la position marocaine.
Le 14 mars 2022, le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a envoyé une lettre au roi du Maroc, Mohamed VI, dans laquelle il s’aligne sur le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. Pour protester contre ce revirement, le 19 mars 2022, Alger a décidé de rappeler son ambassadeur en Espagne.
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En guise de représailles, l’Algérie a décidé de suspendre le traité d’amitié conclu avec l’Espagne en 2002 et de geler les opérations bancaires avec ce pays. La chute des transactions commerciales entre les deux pays a eu de lourdes conséquences sur les entreprises ibériques qui ont essuyé des pertes qui se chiffrent en milliards d’euros.
En outre, deux mois avant l’entrée en vigueur de l’embargo commercial, Alger a adopté une autre sanction. À partir du 2 avril 2022, elle a suspendu les rapatriements des immigrés algériens en situation irrégulière qui avaient débarqué sur le continent espagnol et dans les îles Baléares.
Voici le nom du probable futur ambassadeur de l’Algérie en Espagne
Du reste, le média ibérique en ligne a donné le nom du probable prochain ambassadeur algérien en Espagne. D’après El Confidencial, il s’agit de Abdelfetah Daghmoum, un diplomate qui a déjà occupé un poste de haut rang au sein de l’ambassade d’Algérie à Madrid et qui, ensuite, a été nommé ambassadeur d’Algérie en Guinée-Conakry.
« Ce n’est pas une idée nouvelle, celle du retour à la normale, mais il fallait trouver le bon moment pour le faire », explique à notre source un ancien haut fonctionnaire du gouvernement algérien. « J’ai cru comprendre que le discours de Sánchez à l’Assemblée générale de l’ONU favorisait l’envoi d’un ambassadeur à Madrid », ajoute-t-il.
En effet, le 22 septembre dernier, devant la 78e AG des Nations unies à New York, le 1er ministre espagnol a plaidé pour la recherche d’une solution au conflit du Sahara occidental « dans le cadre de la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité ». Il a défendu une « solution politique et acceptable pour les deux parties ».
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Il va sans dire qu’il s’agit pour Sanchez d’une manière de tenir le bâton par le milieu. Car s’il n’a pas mentionné la proposition marocaine d’autonomie, ce qui, au demeurant, a déplu à la presse à Casablanca, il n’a pas, non plus, prôné « l’autodétermination du peuple sahraoui », comme l’avait fait Felipe VI en 2016 devant le même forum.
Reste à savoir maintenant si ce signe d’apaisement diplomatique sera suivi par la fin du boycott commercial que l’Algérie impose aux produits et aux entreprises espagnoles depuis juin 2022. Rappelons que les exportations de gaz se poursuivent via le gazoduc Medgaz de Beni-Saf à Almeria.