L’Algérie va vers le mieux, c’est inévitable !

L’Algérie va vers le mieux, c’est inévitable !

L’ancien chef des services secrets du pays sort de sa réserve et défie la souveraineté de la justice.

Cette lettre intervient dans un contexte assez agité, la condamnation d’un autre poids lourd des ex-généraux, Kehal Medjdoub, à 3 ans de prison fermes et la mise à la retraite de 37 officiers du DRS après les 14 généraux évincés les deux derniers mois. A ce titre, l’interrogation sur la stratégie sur laquelle se basent tous ces changements devient essentielle. Est-ce que l’Etat-major et la Présidence ont entamé un programme global qui vise le renouvellement et l’injection d’un nouveau souffle dans l’institution militaire dans un objectif de modernisation et de professionnalisation compatibles avec les défis du moment ? Ou s’agit-il d’une purge dans les rangs des officiers dont on soupçonne la déloyauté qui est motivée plutôt par la colère ou le mécontentement des hautes autorités? Le deuxième cas de figure serait très inquiétant.

Platitude surprenante !

La première lecture de ce message inattendu ne fait aucun doute sur l’allusion du complot dirigé par l’équipe au pouvoir contre les hommes de Mediène. Car condamner un général par ses pairs dans un tribunal d’une institution étatique souveraine alors qu’il est « innocent », cela est une affirmation lourde de sens ! Toutefois le message du général Toufik contient beaucoup trop d’impertinences et d’imprudences pour qu’il soit convainquant. D’abord, le général Hassan a été arrêté le mois de février 2015 lorsque « rabe d’zair » était aux commandes ! Pourquoi il n’a pas contesté ou, au moins, demandé les chefs d’inculpations contre son bras droit ? Il pouvait, à ce moment-là, réagir en démissionnant, par exemple ! Sa réaction d’aujourd’hui aurait été beaucoup plus compréhensible et logique. Il est clair que les arguments du général-major ne tiennent pas à cause de la nature même de son ancienne fonction où la justice n’est pas la première de ses préoccupations et dont la fin justifie tous les moyens ! Puis, son passif en la matière ne le rend pas très crédible sur ce registre-là. L’homme qui n’a jamais parlé pendant plus de 25 ans, pourtant le pays a connu des événements d’une extrême importance, sort de son mutisme pour « sauver l’honneur de ses hommes » dit-il, pour défendre ses copains et peut-être pour se défendre lui-même en voyant les arrestations au sein de son ancienne administration s’élargissent. La platitude de son discours et la légèreté de ses arguments sont d’autant plus incroyables quand on sait que ses adeptes, ses alliés politiques et les gens émerveillés par son mythe l’attendaient sur un autre terrain, celui des débats plus sensibles et plus idéologiques qui concernent les causes et l’avenir de la Nation ! Hélas, tous ces gens sont restés sur leur faim et ils ont même été déçus. Parce qu’on a envie de croire que nos responsables civiles et militaires ont une vision, une stratégie, une idéologie qui défendent et leurs pensées ne se limitent guère à protéger des copains et à les venger comme dans le milieu des gangsters. Nous avons envie d’entendre un débat beaucoup plus élevé sur l’avenir du pays, sur la Constitution et quel est le modèle politique le mieux adapté à notre société. Sur, comment sortir de la dépendance aux hydrocarbures, sur les énergies renouvelables, sur la capacité de notre république populaire à résister aux menaces qui la guettent par le néolibéralisme sauvage, etc.

Y a-t-il danger ?

En prenant la presse à témoin, ce qui est un aveu d’impuissance terrible, avec cette platitude des propos de cette lettre, l’effondrement du mythe Toufik est alourdissant, pas seulement aux yeux de la population mais aussi de ses anciens disciples qui voient de mauvaise œil comment est-il possible qu’un chef des renseignements généraux se contente de défendre un ami et ne dit un seul mot sur les accusations gravissimes lancées par le secrétaire général du FLN concernant l’inculpation à tort, qui aurait été montée de toutes pièces par les services de monsieur Mediène, de 4000 cadres d’État ! Ainsi donc la fragilité, voire l’isolement de l’ex-homme fort du « système » est incontestable. De plus, la thèse des règlements de comptes et des coups au-dessous de la ceinture sera très peu crédible au regard de la globalité des changements dans la stratégie du président de la république ces derniers mois : changement des ministres, walis, juges, hauts gradés militaires, ainsi que le projet de la Constitution puis les jugements des affaires de malversations telles que, sonatrach 1 et 2, autoroute Est-Ouest, El-Khalifa, etc. On remarque formellement, dès lors, qu’il y a une dynamique plus générale et un processus de changement qui ne se résume pas seulement au DRS. Tous ces derniers événements sur la scène politique algérienne renforcent la thèse selon laquelle le président Bouteflika est déterminé à finir ses 20 ans à la tête du pays sur une réalisation qui sera au moins égale à celle de la réconciliation nationale qui a mis fin à une décennie de violences et de la Fitna entre Algériens. Tous ces changements, restructurations et amendements de la Constitution vont dans le sens de renforcer l’État des institutions, l’État de droit et peut être même espérer le passage à la deuxième République! Certes la concrétisation n’est pas une tâche facile, elle ne sera pas parfaite, elle est loin de l’idéal dessiné par notre perception collective d’une gouvernance irréprochable et d’une transparence absolue, cependant il n’y a pas d’autres issues possibles et rationnelles à tous ces bouleversements. C’est inévitable ! En tout cas, il n’y a pas d’explications raisonnables possibles vu l’immensité de ces mouvements sinon un coup d’état avorté !

Enfin, la société algérienne est devenue assez mature pour comprendre tous ces enjeux grâce aux expériences, certes douloureuses, qui ont vacciné les Algériens contre toute manipulation.