L’Algérie veut réduire ses importations de poudre de lait

L’Algérie veut réduire ses importations de poudre de lait

Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaissa, a indiqué, jeudi à Alger, en marge de la séance plénière à l’Assemblée populaire nationale (APN) que  » les pouvoirs publics envisagent de lancer un programme pour réduire à terme l’importation de la poudre de lait et favoriser une augmentation du taux d’intégration du lait cru dans la production nationale « .

C’est l’Office national interprofessionnel du lait (Onil) qui aura à coordonner ce programme. Pour le ministre, « il s’agit de trouver le meilleur moyen pour, d’un côté assurer le marché de manière régulière et, d’un autre côté, augmenter l’intégration du lait cru dans la production et diminuer ainsi l’importation de poudre de lait « . Pour ce faire, les pouvoirs publics ont mis en place plusieurs mesures financières et matérielles incitatives.

En 2009, l’Etat a accordé à cette filière stratégique une subvention d’une valeur de 12 milliards de DA. Elle se répartit comme suit: 12 DA/litre à l’éleveur, 5 DA/litre au collecteur, de 4 DA/litre à l’intégration du lait cru dans la production du lait en sachet subventionné à 25 DA/litre. Ainsi, les pouvoirs publics veulent passer du taux d’intégration du lait cru de 18 % en 2009, à un taux qui devrait atteindre les 30 %, soit un équivalent de 490 millions de litres, à fin 2010.

Aussi, à cet effet, il est à noter qu’en 2009, l’intégration du lait cru dans le processus de transformation au niveau des laiteries était parmi les principaux facteurs qui ont permis à l’Algérie de diminuer ses importations de 40 000 tonnes de poudre de lait, soit un gain de près de 100 millions de dollars.

De plus, dans le même contexte, le ministre a tenu à faire savoir que 12 700 vaches laitières ont été importées par des particuliers au premier semestre 2010. S’exprimant sur les quelques perturbations constatées ces derniers jours dans la distribution du lait en sachet, le ministre a assuré que  »le marché est stable et sera stable » en mettant en garde contre « les actes de provocation de certains opérateurs qui prennent les consommateurs en otage ».

Selon certains opérateurs, ces perturbations sont dues au fait que l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL) aurait décidé de diminuer les quotas habituels attribués aux transformateurs. L’une des missions de l’ONIL est de distribuer la poudre de lait subventionnée par l’Etat aux transformateurs, qui doivent l’utiliser uniquement dans la production du lait en sachet, dont le prix est administré, rappelle-t-on.

Or, selon le ministre, sur les 80 laiteries qui s’approvisionnent auprès de l’office, 70 ont déjà trouvé un compromis sur la réduction de l’utilisation de la poudre et l’augmentation du taux d’intégration du lait cru dans le lait en sachet. Les 10 autres unités, qui ont pris leurs quotas du mois de juin, sont en discussion au sein du CIL, a-t-il ajouté.

Le ministre a souligné également que la réduction des quotas n’est pas encore appliquée, puisque la commission de régulation chargée de ce dossier au niveau du CIL n’a pas encore rendu public ses conclusions. Le rôle de cette commission est de trouver des moyens de répartir la poudre entre les unités de transformation et de stimuler l’intégration du lait cru dans le processus de production du lait en sachet.

D’autres commissions ont été installées par le CIL, notamment celles de la production animale, qui s’occupe du développement des cultures fourragères, de la protection et de la santé animale, de l’habitat et de l’hygiène et celle portant sur la formation. M. Benaïssa a affirmé, par ailleurs que l’Etat est prêt à orienter le soutien accordé par les pouvoir publics à la subvention de la poudre de lait vers l’utilisation du lait cru par les transformateurs.

Le soutien de l’Etat à cette filière stratégique est estimé à 12 milliards DA/an, dont une partie sous forme de primes: 12 DA/litre à l’éleveur, 5 DA/litre au collecteur et 4 DA/litre à l’intégration du lait cru dans la production du lait en sachet, subventionné à 25 DA/litre.

L’autre partie est destinée à la subvention de la poudre. Par ailleurs le ministre a appelé les membres du CIL à installer d’ici octobre prochain six comités régionaux pour rapprocher les acteurs et créer des espaces de concertation et d’organisation au niveau régional.

« Ce n’est que dans le cadre de ces espaces que nous pourrons créer les conditions du développement durable de la filière lait « , a-t-il estimé. Par ailleurs, l’Onil est accusée par un groupe d’une dizaine de transformateurs (laiteries ) de restrictions sur les quotas de poudre de lait dont ils sont habituellement approvisionnés à des prix subventionnés. Selon eux, c’est ce qui justifie les perturbations connues ces dernières semaines dans la distribution du lait en sachet.

Pour sa part, l’Onil face à ces accusations , réfute entièrement toute restriction sur les quotas de poudre de lait. Face à ce conflit, la Confédération des industriels et patronat algériens (Cipa), à laquelle sont affiliés les producteurs de lait (au nombre de 129 au total), prend position en faveur de l’Onil.

Elle a déploré  » la menace brandie par certains transformateurs privés de réduire leur production « , tout en estimant que  » l’Onil a toujours honoré ses engagements en matière d’approvisionnement des laiteries en poudre de lait ».

Cependant, les laiteries contestataires reprochent au Conseil interprofessionnel de lait (CIL), l’instance chargée de fournir à l’Onil et au ministère les statistiques sur la base desquelles les quotas des laiteries sont définis,  » d’avoir transmis des informations erronées sur la situation réelle de la filière « .

L’autre raison de cette montée au créneau de certains transformateurs est liée aux nouvelles mesures prises récemment par le ministère de l’Agriculture qui interdit aux laiteries de commercialiser leur produit en dehors de la wilaya de leur implantation.

C’est ce qui a poussé le ministère de l’Agriculture à tenir une réunion en présence des professionnels de la filière (Onil, CIL, transformateurs, producteurs) afin de tenter de trouver une issue à la crise qui se profile et risquant d’affecter l’approvisionnement en lait, deuxième denrée alimentaire de base en Algérie après les céréales.

En outre, il est à rappeler que la production de lait cru est passée de 2,23 milliards de litres en 2008 à 2,45 milliards de litres en 2009. Les importations de la poudre de lait effectuées par l’Onil ont baissé de 25 000 tonnes entre 2008 et 2009 passant de 145 000 tonnes à 120.000 tonnes.

La facture globale du lait et produits laitiers s’est établie à 862,76 millions de dollars en 2009, pour une consommation annuelle estimée à près de 3,5 milliards de litres, contre 1,28 milliard de dollars en 2008, soit une baisse de 32,9%.

Nassim I.