Une vidéo montrant un séparatiste tchétchène appelant à saboter la tenue des Jeux olympique à Sotchi inquiète les services allemands.
Les attentats de Boston d’avril, perpétrés par deux frères originaires de Tchétchénie, ont remis sur le devant de la scène la menace du terrorisme nord-caucasien. Une vidéo datant de juillet a attiré l’attention des services de renseignements intérieurs allemands, le BfV. Dans une forêt, revêtu d’un uniforme militaire, Dokou Oumarov, séparatiste tchétchène, exhorte à empêcher, « par tous les moyens qu’Allah permet », la tenue des JO d’hiver de Sotchi, en février 2014.
Déjà responsable de nombreux attentats (2010 dans le métro moscovite et 2011 à l’aéroport de Domodedovo, au total plus de 80 morts), l’ennemi public n° 1 en Russie et dirigeant autoproclamé de l’émirat du Caucase inquiète jusqu’en Allemagne. En effet, selon le contre-espionnage berlinois, la mouvance projetterait de faire du pays une base arrière pour le terrorisme islamiste tchétchène, d’où serait planifiée une série d’attentats contre la ville olympique.
Selon le quotidien Die Welt, qui se base sur les conclusions des services de renseignements, deux éléments viendraient alimenter cette crainte du terrorisme tchétchène. D’une part, l’Allemagne abriterait 200 hommes de main, prêts à passer à l’action ; d’autre part, ce nombre serait en constante augmentation, la mouvance profitant d’un flot continu de nouveaux migrants en provenance du Caucase du Nord.
Afflux de demandes d’asile
C’est là que la tâche des services du BfV se complique. Depuis quelques années, une nouvelle vague de migrants tchétchènes vient trouver asile en Allemagne. Raisons invoquées, à juste titre : les violences endémiques dans la république du Caucase du Nord. En 2013, plus de 10 000 demandeurs d’asile russes ont ainsi été enregistrés par l’administration, dont 90 % étaient Tchétchènes. En Tchétchénie, la rumeur continue de courir que, une fois le sol allemand foulé, un conséquent cadeau de bienvenue de 4 000 euros vous est remis (le salaire moyen ne dépasse pas là-bas les 300 euros). De quoi nourrir d’espoir les candidats au départ. C’est pourquoi il faut « être très vigilant sur l’afflux de demandeurs d’asile tchétchènes », martèle Joachim Hermann, ministre de l’Intérieur du Land de Bavière. Parmi eux « se trouveraient des islamistes radicaux, utilisant l’asile comme couverture » afin d’infiltrer le pays, déclare le ministre au quotidien Die Welt.
Outre-Rhin, le pouvoir ne veut pas prendre le risque de voir le pays se transformer en « couveuse » pour l’islamisme caucasien, encore moins en rampe de lancement pour d’éventuelles attaques terroristes durant les JO de Sotchi. D’autant que la République est elle-même directement menacée en son sein. Dans une conversation téléphonique datant de mai, captée dans le Caucase du Nord par le Kremlin, il est fait mention d’une « opération en Allemagne ». Très vite, entre services de renseignements russes et allemands, l’identité d’un demandeur d’asile tchétchène vivant dans le quartier Berlin-Kreuzberg est évoquée. Et quelques jours avant l’arrivée de Barack Obama, en visite dans la capitale allemande en juin dernier, le suspect avait été placé en détention provisoire.