En phase de poules déjà, la question se posait : hormis lors du premier match contre le Portugal(qui fut une véritable démonstration), où est passée l’Allemagne qui produit le beau jeu qu’on aime ? Certes, ce groupe G n’était pas des plus faciles, mais ça aurait dû passer facile contre leGhana, non ? Et cette victoire à l’arrache contre les États-Unis ? Bref, en jouant comme ça, sûr que l’Allemagne ne va pas aller loin, pensait-on. Pas avec une défense composée de quatre centraux, un Khedira hors de forme, un Lahm au milieu et un Özil relégué sur le côté. Seul l’imprévisible Thomas Müller a fait lever les foules. Pour le reste…
MC Mertesacker
Et puis est arrivé le match face à l’Algérie. Et, comme les jours précédant la rencontre, on a eu le droit aux mêmes interrogations avant les huitièmes, essentiellement centrées autour des choix du sélectionneur. Mais que fait Joachim Löw ? Pourquoi insister sur Lahm au milieu quand celui-ci pourrait apporter tellement plus sur le côté droit de la défense, lui qui est à ce jour le meilleur latéral du monde ? Cette question en amenant une autre : pourquoi titulariser un néophyte comme Mustafi, que personne – même en Allemagne – ne connaissait jusqu’à ces dernières semaines. Et puis le match s’est joué. La Nationalmannschaft a souffert, surtout durant les vingt premières minutes, obligeant Neuer à taffer ce soir-là en tant que libéro. Mais la Germanie a tenu bon. Elle est revenue dans le match (les Algériens ayant pris cher physiquement à force de gambader partout), et dès que Khedira est arrivé sur la pelouse, Lahm est revenu à son poste de défenseur droit et d’un coup, tout allait mieux dans le meilleur des mondes teutons. La suite, on la connaît : une victoire 2-1 grâce, en grosse partie, à André Schürrle. L’Allemagne est qualifiée pour les quarts. Une habitude depuis 1954. Mais pas assez pour le journaliste de la ZDF qui interviewe Per Mertesacker, et qui lui demande si, comme en 2010, l’Allemagne va augmenter son niveau de jeu dans les tours finaux. Ce à quoi le longiligne défenseur central répond : « Vous croyez qu’être en huitièmes, c’est le carnaval ou quoi ? On s’est traînés pendant 120 minutes. […] Vous voulez quoi ? Une Coupe du monde couronnée de succès ou bien vous voulez qu’on soit de nouveau éliminés, mais qu’on nous dise qu’on a bien joué ? Je ne comprends pas la question. Nous sommes passés. Nous sommes contents et on prépare la suite […]. »
La gagne avant tout
La suite, elle, est logique. Les Allemands en ont marre d’amuser la galerie. C’est bien joli d’enchaîner les demi-finales (+ la finale, 2008, ndlr) des compétitions continentales et mondiales, mais maintenant, il s’agit de gagner. Histoire que cette génération (Lahm, Schweinsteiger, Klose…) ne finisse pas sans un titre. Et ça, Joachim Löw l’a bien compris. Lui qui, pourtant, adore expérimenter mais qui paradoxalement peut être très borné, est revenu aux fondamentaux en remettant son capitaine à sa place face à la France. Suite à la courte victoire de laNationalmannschaft sur les Bleus, beaucoup n’ont rien trouvé à redire. D’une part, le parcours français est honorable. D’autre part, en face, ce n’est plus l’Allemagne joueuse : c’est l’Allemagne gagneuse, qui impose le défi physique, qui met des coups, qui se fait respecter, qui court plus vite, plus longtemps. Oui, il y a des manieurs de ballon, mais ils ne servent à rien. Pas pour rien que Paul Breitner s’en est pris à Mesut Özil la semaine dernière : « ‘M1Ö’ n’est plus le dépositaire du jeu de cette équipe, c’est à lui de se mettre au diapason. Si Joachim Löw a onze joueurs qui se la donnent, alors l’Allemagne ira au bout du tournoi. » Le Brésil peut déjà s’inquiéter : la troupe deLuis Felipe Scolari veut essayer de battre la Nationalmannschaft sur son terrain. C’est un peu comme quand l’Allemagne essayait de battre la Roja sur le sien.