L’alliance «Opep-non Opep» serre ses vannes, les stocks US baissent : Le baril franchit les 60 dollars

L’alliance «Opep-non Opep» serre ses vannes, les stocks US baissent : Le baril franchit les 60 dollars

Ce niveau de prix du pétrole ne permet cependant pas de limiter l’érosion des réserves de changes.

Faute de grives on mange des merles. Les cours de l’or noir, qui se sont enfoncés sous la barre des 60 dollars, ont refait surface après deux séances de hausses consécutives significatives. Hier, vers 14h30, heure algérienne, le baril de Brent, référence du pétrole algérien s’échangeait à 60,11 dollars, en hausse de 1,08 dollar par rapport à la séance de mardi.

Une embellie qui est due à deux facteurs. Il y a eu l’accord de réduction de la production Opep-non Opep de 1,2 million de barils par jour, qui a atteint un niveau de conformité significatif. «La conformité globale aux accords d’ajustement volontaire de la production pétrolière entre l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires non-Opep, a été de 159% en juillet dernier», a indiqué mardi l’Opep dans un communiqué publié sur son site Web. L’OPEP et ses alliés ont donc réduit de manière drastique leur offre, dépassant les réductions convenues de plus de 50%, au plus fort de cette année. Un soutien incontestable des prix.

Sur cette information, qui n’a pas laissé le marché insensible, sont venues se greffer les données de l’American Petroleum Institute (API) annonçant que les stocks américains de brut étaient en plus forte baisse que prévu. Ils auraient chuté de 11,1 millions de barils, par rapport aux prévisions d’une baisse de 2 millions de barils, affirme l’API. Cela a suffi vraisemblablement de propulser le baril au-dessus des 60 dollars.

Ce niveau de prix du pétrole ne permet cependant ni de limiter l’érosion des réserves de changes ni d’assurer l’équilibre budgétaire du pays qui continue de dépendre de façon chronique de ses exportations d’hydrocarbures. L’Algérie souffre de la baisse de ses revenus pétroliers, en raison de la chute des cours de l’or noir. Une situation qui l’a plongée dans une crise financière ravageuse dont elle ne se remet encore pas. Son Fonds de régulation des recettes de quelque 70 milliards de dollars constitué lorsque le baril culminait au-dessus des 100 dollars durant quelques années, est parti en fumée alors que les réserves de change qui s’élevaient à plus de 193 milliards de dollars vers la fin de l’année 2013, se retrouvent à moins de 73 milliards de dollars, ce qui s’était traduit par un recours à la planche à billets pour équilibrer ses finances, éviter la faillite et ne pas recourir à l’endettement extérieur. Une saignée qui ne peut être stoppée avec les niveaux actuels des prix du pétrole.

L’économie nationale, qui a pour particularité de souffrir de son addiction à son pétrole, est en outre pénalisée par une absence flagrante de diversification. La facture astronomique de ses importations, plus de 40 milliards de dollars, ne lui laisse aucune marge de manœuvre. Toutes les initiatives des gouvernements successifs pour tenter de la réduire de manière significative et de la ramener à un niveau supportable, autour des 30 milliards de dollars, pour les moyens dont dispose le pays, se sont soldées par des échecs. Plusieurs produits ont été interdits d’importation tout en tentant de promouvoir la production nationale, le retour de flamme n’a pas été, malheureusement au rendez-vous. Il reste néanmoins à relever que le niveau actuel du baril reste largement au-dessus de celui qui sert de référence à l’élaboration de la loi de finances.

Pas question de faire la fine bouche. Reste à espérer un sursaut exceptionnel du baril, ce qui n’est apparemment pas dans l’air du temps…

Mohamed Touati