C’est un Lamamra offensif, chose très inhabituel chez ce chevronné diplomate, qui nous a habitué à une politique plus soft. Mais là, notre ministre avait raison, de recadrer cette Union européenne arrogante, qui se croit tout permis, s’immisçant dans les affaires intérieures algériennes, tentant de donner des leçons à notre pays et faisant des remarques désobligeantes.
« Nous n’acceptons pas les tendances intrusives (…) L’association n’élimine pas la souveraineté», a martelé le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale.
« Nous respectons notre partenaire et nous demandons et même nous exigeons qu’il respecte notre souveraineté », a –t-il répondu aux observations de l’UE sur les droits de l’homme en Algérie. Le ministre a également critiqué dans le cadre de la politique européenne de voisinage « l’exercice stérile de classification des pays en catégories suivant le degré d’acceptation des directives européennes ».
Refus de l’Algérie d’abriter une base de drones
Par ailleurs, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que la partie européenne doit prendre en compte dans ses relations avec l’Algérie deux avantages comparatifs importants se rapportant à ses rôles d’acteur majeur dans le maintien de la stabilité dans la région et de fournisseur fiable de gaz à l’UE. « Les sacrifices consentis dans la lutte anti-terroriste pour stabiliser l’Algérie, grand pays arabe et africain, ont un impact direct sur la sécurité européenne. Notre propre stabilité est déjà une contribution à la stabilité de l’Europe. Cela ne se quantifie pas», a-t-il plaidé. « L’Algérie est un exportateur net de stabilité et veut être appréciée à sa juste valeur », a-t-il enchaîné à ce propos.
Toujours sur le plan sécuritaire, M. Lamamra a réitéré le refus de l’Algérie d’abriter une base de drones dans le cadre de l’opération navale, lancée par l’UE en mai dernier pour combattre le trafic de migrants dans la méditerranée. M. Lamamra a indiqué que l’UE est tenue d’expliquer tous les composants de cette action qui est proche des initiatives lancées dans le cadre de la lutte contre la piraterie dans le Golfe d’Aden.
« L’Algérie a donné plus qu’elle a reçu »
Concernant l’accord d’association, M. Lamamra a été direct en dressant un bilan négatif de la mise en œuvre de l’accord d’association, soutenant qu’une deuxième évaluation de ce document s’imposait aujourd’hui. « Dans ce partenariat, l’Algérie a donné plus qu’elle a reçu », a-t-il noté avec regret. Le ministre a affirmé que ce partenariat qui a profité à l’Union pendant dix ans doit désormais dépasser le caractère strictement commercial pour en devenir un acte de développement.
Les barrières tarifaires et non tarifaires imposées aux produits algériens, la baisse des investissements européens en Algérie, la réduction des parts de Sonatrach dans le marché gazier européen, sont des obstacles qu’il faut aplanir avec la partie européenne en vue d’équilibrer le partenariat économique bilatéral, a-t-il résumé.
La partie algérienne a eu aussi à relever la faiblesse de la dotation financière allouée à l’Algérie au titre de la programmation budgétaire 2014-2017 qui n’est pas à la mesure des objectifs ambitieux en termes d’appui à la gouvernance et à la diversification de l’économie, considérant qu’elle ne reflétait pas les avantages comparatifs de l’Algérie notamment en sa qualité de principal partenaire commercial et d’acteur majeur dans le maintien de la sécurité dans la région.
Le ministre n’a pas caché, par ailleurs, les préoccupations de l’Algérie concernant le nouveau plan d’action de la commission européenne visant à diversifier les sources d’approvisionnement en gaz de l’UE. Ces préoccupations se rapportent aux projets de l’UE relatifs à la création d’une centrale d’achat de gaz et d’une plateforme euro-méditerranéenne de l’énergie. « Ces deux projets soulèvent des questions qu’il faut résoudre dans le cadre du dialogue économique avec le partenaire européen », a estimé M. Lamamra.