Artiste relativement nouveau sur la scène culturelle nationale, issu de l’Ecole régional des Beaux-Arts de Sidi Bel Abbès, où il s’est brillamment fait remarquer, avant de se faire connaître du grand public, en 2016, lors du concours annuel des écoles d’arts organisé à Mostaganem, Mohamed Krour, plasticien, au style inclassable, expose actuellement à la galerie « le Paon » du centre des arts de Riadh El Feth (Oref).
Le vernissage, organisé samedi dernier ayant en ce sens tenu toutes ses promesses, les toiles exposées, une trentaine – toutes inédites – mettent en avant un travail souvent très complexe, plein de contraste et riche d’une symbolique à la fois mystique, peut-être religieuse et certainement identitaire, que l’artiste décrit comme « indispensable » à son travail. Exposition qui devra ainsi se prolonger jusqu’au 20 octobre prochain ; le visiteur y découvre des peintures de plusieurs formats, techniques et inspirations ; certaines faites uniquement de contraste de blanc et noir ou d’autres beaucoup plus colorées. Toutes mettant néanmoins en scène une riche symbolique, issue du travail de recherche sur les cultures, africaines entre autre, les langues, ou les croyances. Des images sont ainsi récurrentes, notamment des schématisations de baladines, d’oiseaux mythiques ou encore des caractères de calligraphie, des éléments qui structurent presque chacune des toiles. En ce sens, l’artiste en nous précisant en marge du vernissage que le travail exposé avait souvent nécessité de longs mois, «certaines toiles ont demandé six mois de travail, d’autres au contraire quelques jours (…) c’est à chaque fois une question d’inspiration ».
Il ajoutera que cette symbolique était son élément principal « la baladine est un moyen de converger du rêve vers la réalité, pour moi elle est un mécanisme et un outil pour voyager à travers un mur, à travers le temps et l’espace (…) le contraste des couleurs, le jeu avec la luminosité fait aussi référence au rêve, à cette lumière qui nous aveugle quand on ouvre les yeux… ». Travail qui reste par ailleurs difficilement «classable », c’est du semis figuratif, mais c’est dur à donner un genre. Souvent on me définit comme « phénomène » (…)
Ce qui est sûr est que j’aime mélanger les styles, avec toujours beaucoup de symbolique » ; le même constat peut également être fait pour le contenu des toiles, les images que l’on découvre, des paons, des Houddoud, des phoenix… sont à la fois mystiques, historiques et peut-être une évocation religieuse. « Les toiles peuvent être vues de cette façon, la baleine peut évoquer l’histoire du prophète Younès, le houdhoud celle de Salomon… chacun sa lecture », dira simplement Mohamed Krour. Artiste, issu d’une formation académique et faisant partie des peintres « dont les œuvres sont le résultat d’un travail de recherche poussé (…) il a notamment étudié différents dialectes, s’est intéressé aux langues africaines, aux philosophies… », explique pour sa part la galeriste Amel Mihoub. Il est également à rappeler que les œuvres qui sont aujourd’hui partagées avec le public sont le résultat d’une « véritable passion ». « Durant tout mon cycle d’étude j’ai toujours été major de promotion (…) c’est véritablement une passion. J’ai toujours aimé les arts, je dessine depuis l’âge de trois ans ». L’artiste n’ayant pas hésité à mettre un terme à des études scientifiques pour rejoindre les beaux-arts.
«… Je suivais des études techniques à l’université, j’ai un jour décidé de tout arrêter, c’était pour moi une impasse. C’est comme cela que j’ai rejoins l’Ecole des beaux-arts … le paradis »