Ce que fait le gouvernement en ce moment sur le plan économique relève du “tâtonnement” et les mesures prises ne tarderont pas à affecter le pouvoir d’achat des citoyens, selon Bachir Messaïtfa.
L’analyste financier et ancien secrétaire d’État chargé de la Prospective et des Statistiques dans le gouvernement Sellal I, Bachir Messaïtfa, a estimé, hier, dans une conférence organisée par Echourouk à l’hôtel Soltane, à Hussein-Dey, que les mesures prises par le gouvernement afin de contrecarrer la chute des prix du baril du pétrole, seule source, ou presque, des devises pour l’économie nationale, si elles sont positives d’un point de vue financier, auront des répercussions douloureuses sur le front social.
Bachir Messaïtfa prévoit, en effet, une inflation à deux chiffres en 2016, consécutive à la dévaluation du dinar qui a perdu 31% de sa valeur en quelques mois. Une dévaluation qui se traduirait naturellement par l’érosion du pouvoir d’achat du citoyen.
Opérée en deux temps, -11% puis 20%, cette dévaluation, a expliqué l’ancien ministre, si elle participe à réduire le déficit budgétaire en faisant gagner à l’État deux milliards de dollars 2015 et à stabiliser la facture des importations, relève du tâtonnement économique. Le but n’étant que de terminer l’année avec moins de déficit budgétaire, selon lui. Il s’agit là d’une mesure à très court
terme, a-t-il souligné, au moment où le pays a besoin d’un véritable plan d’ajustement, et ce, a-t-il ajouté, parce que le modèle économique adopté ne fonctionne plus. Il recommande, ainsi, de se doter d’une vision à long terme, d’un plan de croissance réelle et la décentralisation de la décision économique, pour pouvoir valoriser les secteurs qui stagnent (industrie, agriculture, tourisme, mines, TIC, pétrochimie…). Abondant dans ce sens, l’autre invité d’Echourouk, l’économiste
M’hamed Hamidouche, et s’il s’est montré optimiste, soulignant que “ce n’est pas encore la crise en Algérie”, a indiqué que la réforme passe par la réhabilitation de la valeur “travail” en Algérie, sinon, aucun correctif ne pourrait améliorer la situation qui peut s’aggraver davantage.
Il faut trouver une alternative à “l’État-providence”, selon M’hamed
Hamidouche, qui suggère une redéfinition de l’État justement, qui devrait se désister à court terme de certaines de ses missions au profit des collectivités locales. “Nous avons besoin d’un État stratège”, a-t-il conclu.