L’ancien président Pervez Musharraf inculpé du meurtre de Benazir Bhutto

L’ancien président Pervez Musharraf inculpé du meurtre de Benazir Bhutto

L’ex-dictateur militaire du Pakistan, Pervez Musharraf, a été officiellement inculpé pour le meurtre de l’ancienne Premier ministre Benazir Bhutto, assassinée en 2007. L’accusé a nié toutes les accusations portées conte lui.

C’est une première pour un ancien chef des armées au Pakistan : l’ancien président pakistanais Pervez Musharraf a été accusé, mardi 20 août, du meurtre de son adversaire d’antan Benazir Bhutto, assassinée en 2007 en plein rassemblement politique.

« Il a été accusé de meurtre, de complot criminel pour meurtre et d’avoir facilité l’assassinat » de Benazir Bhutto, a déclaré à l’AFP le procureur Chaudhry Azhar à l’issue d’une audience à Rawalpindi, ville voisine de la capitale Islamabad.

Musharraf nie le meurtre

Placé en résidence surveillée dans sa villa des environs de la capitale Islamabad, l’ex-général s’est présenté mardi matin à cette audience sous la protection de la police et de forces spéciales. Des artères de Rawalpindi étaient aussi bloquées, selon un photographe de l’AFP sur place.

« L’acte d’inculpation a été lu en cour. Il a nié toutes les charges », a ajouté le procureur, précisant que la prochaine audience dans cette affaire était prévue le 27 août prochain.

« Les accusations sont sans fondement. Nous n’avons pas peur de cette procédure. Nous allons respecter le processus judiciaire », a répondu Sayeda Afshan Adil, avocate de Pervez Musharraf.

L’ancien dictateur, rentré au Pakistan fin mars après quatre ans d’exil, a été rapidement rattrapé par plusieurs affaires, notamment le meurtre de Benazir Bhutto, tuée le 27 décembre 2007 à Rawalpindi lors d’une attaque à l’arme légère doublée d’un attentat suicide.

L’allié de Washington

Le « Général Musharraf » avait pris le pouvoir en octobre 1999 à la faveur d’un coup d’État militaire sans effusion de sang. Après les attentats du 11-Septembre, il était devenu un allié clé de Washington dans la « guerre contre le terrorisme ».

Benazir Bhutto était, elle, rentrée au Pakistan à la fin de 2007 afin de participer aux élections législatives, mais avait rapidement fait état de menaces de mort contre sa personne et ainsi demandé une meilleure protection par le régime du président Musharraf.

L’ancienne Premier ministre a été tuée devant des milliers de ses partisans lors d’une grande parade à Rawalpindi. Sa mort avait forcé le report à février 2008 des élections, finalement remportées par son Parti du peuple pakistanais (PPP), dont son veuf Asif Ali Zardari avait pris la succession.

Musharraf dans le viseur de la justice

Personne n’a été condamné pour le meurtre de cette femme politique, chef du PPP, élue deux fois Premier ministre du Pakistan, pays musulman peuplé aujourd’hui par 180 millions d’habitants.

Le gouvernement Musharraf avait à l’époque accusé le chef du Mouvement des Taliban du Pakistan (TTP), Baitullah Mehsud, de son meurtre. Le chef taliban, qui a depuis été tué par un tir de drone américain, a toujours nié toute implication dans cet assassinat, qui a marqué au fer rouge le Pakistan.

Outre le dossier Bhutto, l’ancien président Musharraf est dans le collimateur de la justice pakistanaise pour avoir imposé l’état d’urgence en 2007 et pour le meurtre, un an plus tôt  dans une opération militaire, d’Akbar Bugti, un chef rebelle de la province du Baloutchistan (sud-ouest).

Avec dépêches