L’année 2017 est cruciale pour l’Algérie Le credo du gouvernement

L’année 2017 est cruciale pour l’Algérie Le credo du gouvernement

P160906-15.jpgCe n’est pas en économisant quelques milliards de dollars sur les subventions que l’on dynamise une économie.

La course contre la montre pour arriver à un niveau d’importation supportable est plus que jamais d’actualité pour un gouvernement tenu par des échéances assez précises et une exigence de tenir ses obligations sociales. A cet égard, l’essentiel de l’effort à fournir doit l’être durant l’année prochaine. L’Exécutif doit absolument faire coïncider les premiers dividendes du nouveau modèle économique avec un niveau de réserves de changes acceptable comme annoncé par Abdelmalek Sellal autour de 100 milliards de dollars. Cela suppose une nette réduction des importations et une promotion remarquable des exportations hors hydrocarbures. L’échéance de 2019 se joue sur la loi de finances 2017. Le Premier ministre a annoncé la couleur, encore une fois «social», au risque de voir les déficits échapper au gouvernement.

A première vue, les variables ne sont pas assez nombreuses pour espérer rééquilibrer un budget sur le principe des vases communicants. Présentement, l’économie nationale, et donc la loi de finances, fonctionne avec une seule variable, disent les experts de la Banque mondiale. C’est en effet, le pétrole qui conditionne la santé économique du pays. La précaution qui consiste à fixer le prix de référence du baril à 37 dollars peut ne pas suffire dans le cas d’un effondrement du marché de l’or noir. Ainsi, vu par le prisme «déformant» des experts internationaux, le gouvernement n’a d’autre choix que de réaliser des coupes dans les subventions en réduisant ses ambitions sociales et surtaxer les Algériens pour parvenir à un équilibre précaire, car, de toute façon, dépendant de la santé du marché international du pétrole. A bien décrypter les propos du chef de l’Exécutif, en marge de l’ouverture de la session parlementaire, on déduit que le gouvernement a choisi un autre mode opératoire pour affronter la crise.

Ce n’est pas en économisant quelques milliards de dollars sur les subventions que l’on dynamise une économie. C’est à peu près le credo du gouvernement qui refuse de s’appuyer sur les Algériens pour éponger un déficit au risque de payer une plus lourde facture en mouvements sociaux. En assurant que le pouvoir d’achat des citoyens ne sera pas trop sollicité, le Premier ministre a donné le ton d’une stratégie de sortie de crise, aux antipodes de celle préconisée par le FMI et la Banque mondiale. Cette stratégie, ramassée dans un Code des investissements, une loi sur les PMI et un volontarisme à toute épreuve doit nécessairement parvenir à sa vitesse de croisière, dès l’entrée en vigueur de la loi de finances 2017.

De fait, il faut «révolutionner» l’approche que l’on a par rapport à l’acte d’investir. Si le nombre de créations d’entreprises a progressé de 5% aux sept premiers mois de l’année en cours, pour 2017 la progression doit être exponentielle. Il est urgent de parvenir en un temps record à un nombre de PME et de TPE acceptables pour générer une fiscalité ordinaire susceptible de réduire les déficits budgétaires. A côté de cet effort assigné prioritairement aux acteurs économiques privés, le gouvernement devra faire aboutir dans les meilleurs délais et conditions tous, absolument tous les projets de partenariat dans l’industrie minière et dans la pétrochimie. L’idée d’en finir avec les importations de produits sidérurgiques et de dérivés du pétrole est généreuse et très bénéfique pour l’économie nationale, mais il convient de souligner que beaucoup de projets dans ce sens n’ont pas trouvé leur concrétisation par le passé.

Les quelques grands chantiers lancés ces dernières années doivent absolument aboutir. Les raffineries de pétrole, le projet sidérurgique de Bellara, en sus de celui lancé en partenariat avec des entreprises indonésiennes pour le phosphate, constituent les principaux signaux de la réussite de la stratégie du gouvernement. L’importance stratégique de tous ces projets n’est plus à démontrer.

Leur caractère structurant de toute l’industrie nationale est plus qu’évident. Mais pour l’heure, leur première fonction est d’assécher l’importation sur des produits qui coûtent à l’Etat plus d’une dizaine de milliards de dollars par an.

Abdelmalek Sellal sait parfaitement que le temps est le premier ennemi de son gouvernement. Il sait également que la fenêtre de tir ouverte par les réserves de changes et le Fonds de régulation des recettes se fermera définitivement avec l’épuisement de ces deux sources de financement. L’Algérie doit préparer son «émergence», dès 2017.