Le début de l’été n’est pas porteur de bonnes nouvelles économiques pour l’Algérie. Le prix du pétrole a stoppé sa remontée en juin et reste bloqué dans une trappe sous les 50 dollars. La conjoncture économique européenne, en redressement depuis un an, est au bord d’une rechute avec le Brexit et annonce une poursuite de la stagnation de la demande énergétique. Enfin, sur le plan interne le financement du déficit budgétaire par la collecte de l’épargne domestique, à travers l’emprunt national, s’achemine vers un résultat décevant.
La loi de finance de 2017 va cristalliser brutalement ce réveil face au destin Vénézuélien qui attend l’économie algérienne. Les critiques nombreuses et persistantes des experts sur le retard pris par l’ajustement et la réforme algérienne face au contre choc pétrolier voulaient toutes éviter ce scénario. Celui du choc brutal à la baisse des dépenses publiques. Ignoré dans la loi de finance de 2015, amorti dans celle de 2016, l’ajustement de la demande domestique à l’offre de biens et services réelle a été massivement reporté vers la dernière année de la période supposée englobée le contre choc. C’est aux arbitrages de la loi de finance pour 2017 d’assumer donc ces deux reports de 2015 et en partie de 2016. D’après les premiers échos qui ont filtré du ministère des finances, le budget d’équipement de l’Etat devrait connaître une baisse spectaculaire en 2017. L’Etat s’apprête à redimensionner sévèrement ses investissements publics pour ne pas avoir à trop rogner sur les dépenses de fonctionnement, plus délicates politiquement à traiter. C’est là également un arbitrage qui n’est pas recommandé par une majorité d’expert qui indiquent (voir papier Meddahi-Boucekkine) que c’est ce type de choix qui a fait exploser le chomage en 1986-87 lors du précédent grand contre choc pétrolier. D’autres options existent afin d’entamer sérieusement un ajustement dont la force tellurique enfle proportionnellement à la rétention temporelle de son onde. La principale est bien sur celle qui fait fondre le budget ses subventions indirects, dans son poste énergétique mais pas seulement. Il s’agirait de réduire les dépenses de l’Etat sans toucher à l ‘emploi et surtout en diffusant une incitation contre le gaspillage des ressources. La décision de Abdelmalek Sellal de masquer, lors de la dernière réunion de la tripartite, le document prospectif produit par la task force auprès du premier ministère laisse penser que c’est cette option qui est privilégiée dans le plan de cadre triennal du budget proposé. Une fois de plus, les premiers gestes de secours de l’économie algérienne buttent sur le véto présidentiel. Le massacre du budget d’équipement plutôt qu’un peu plus d’inflation pour rationaliser la consommation des carburants, de l’électricité, de l’eau, du pain, du sucre ou du crédit bonifié.
L’Algérie n’était pas le Venezuela au début de l’année 2016. Elle ne le sera pas non plus à la fin de l’année. Mais elle a passé la moitié de l’année à mettre ses pas dans ceux de l’économie Vénézuélienne. 130 milliards de dollars de réserves de change cesseront de protéger l’Algérie d’un choc récessif avant même de s’épuiser. Car ce qui va dicter la conjoncture interne c’est le déficit du budget de l’Etat et la capacité de l’Etat à le réduire, le financer opportunément, puis le faire disparaître. Sur ce front les inquiétudes sont grandes. L’économie informelle ne veut rien ou presque rien rendre à l’Etat. Dans le très court terme de 2016-2017, la décision politique lucide qu’un gouvernement non assujetti à un hologramme présidentiel, devrait prendre est de récupérer l’épargne informelle par un mixte de contrainte et de liberté. Changer une partie des billets de banque pour la partie contrainte, s’approcher de la vérité des prix pour une partie des biens et services subventionnés par l’Etat. C’était déjà la problématique des gouvernements Hamrouche, Ghozali et Abdeslam avant le passage sous tutelle du FMI. Les Algériens ne font pas confiance au pouvoir Bouteflika et ils ont raison. Mais ce n’est pas pour cela qu’il faut laisser les choses en l’Etat pour revenir à la case FMI, comme l’est le Vénézuela aujourd’hui. Changer les billets de banques et libérer en partie le prix ? Il faut être fort politiquement pour le faire. Fort comme le gouvernement grec de Syriza de Monsieur Tsipras. Pourquoi attendre de passer du Venezuela à la Grèce ?