L’Argentine, en finale du Mondial face à sa bête noire, l’Allemagne, aujourd’hui au Maracana de Rio, retient son souffle, et tout un pays en fête et fou de foot espère que Lionel Messi va enfin soulever “sa” Coupe du monde.
“L’Allemagne est très agressive et dangereuse. Mais l’équipe ne peut pas commettre la même erreur” qu’en 2010 lorsque l’Albiceleste, dirigée par Maradona, avait été éliminée par 4 à 0 en quart de finale du Mondial sud-africain par l’Allemagne.
Sergio Agüero, l’un des “Quatre Fantastiques” argentins avec Messi, Di Maria et Higuain, résume bien la situation, à la fois sur le terrain et en Argentine même. Si l’attente est énorme au pays et si les 40 millions d’Argentins vont pousser de toute leur force l’Albiceleste vers son troisième titre mondial, après ceux de 1978 et 1986, les joueurs savent, eux, la difficulté de la tâche. D’autant que l’Allemagne a atomisé 7 à 1 le grand rival brésilien, devant son public de surcroît, en demi-finale.
“Jusqu’à la mort”
L’Argentine, de son côté, était contrainte de passer par les tirs au but (0-0, 4 t-a-b à 2) pour écarter de sa route les Pays-Bas après 120 minutes d’un combat tactique aussi rugueux qu’improductif.
“Mais en finale, nous devons tout donner sur le terrain”, a souligné le sélectionneur Alejandro Sabella. “Chaque joueur de la finale va se battre jusqu’à la mort”, a renchéri Gonzalo Higuain. Dimanche à Rio, les Argentins, présents en nombre au Maracana ou restés au pays, communieront avec leur Albiceleste. D’Ushuaïa, dans l’extrême sud du continent, à Quiaca, tout au nord du pays, à la frontière avec la Bolivie, parents et enfants, grands-parents et petits-enfants, familles, amis, tous n’auront qu’un rêve et un immense espoir : voir l’Argentine reine du monde !
Oubliés alors, le temps d’une finale, les “fonds vautours” à l’origine de la grave crise économique et financière du pays, les suspensions de paiements, les prêts, les crédits et la dette. La “vraie vie” sera mise entre parenthèses. Le football, “opium du peuple”, sera une nouvelle fois un agent d’unité, de paix, de joie et de bonheur que tous espèrent. “Nous avons besoin de la Coupe. Nous l’avons attendue depuis si longtemps”, a confié à l’AFP Francisco, un employé des transports publics de la capitale. Tous rêvent de revivre le même bonheur que mercredi après la qualification face aux Néerlandais quand, en plein centre de Buenos Aires, plus de 50 000 personnes ont crié leur joie et leur bonheur après avoir souffert, par écran géant interposé, avec “leur” Albiceleste. Une victoire dimanche, et des millions de personnes descendront dans la rue et iront fêter le titre place de l’Obelisco. Mais à l’instar des joueurs, les Argentins savent que l’Allemagne sera difficile à battre même si, comme l’a souligné Higuain, “il n’y aura que du respect.” Entre des Argentins titrés en 1986 et des Allemands couronnés en 1990, face au même adversaire, le rendez-vous de dimanche ressemble à une “belle” entre les deux nations. Vainqueur 4-0 il y a quatre ans, l’Allemagne avait aussi sorti l’Argentine du Mondial-2006, toujours en quarts de finale. “Nous vivrons les heures précédant la finale avec grande anxiété, nervosité, espoir, émotions et angoisse”, a reconnu auprès de l’AFP German Vazquez, un agent immobilier de 33 ans, résumant parfaitement le sentiment général du peuple Albiceleste.
“Je suis impatient d’arriver à dimanche. Mais, en même temps, je ne le souhaite pas trop parce que je sais que l’Allemagne va nous coûter cher. Car terminer deuxième équivaudrait à une défaite, en dépit de notre bon parcours jusqu’ici”, a ajouté l’agent immobilier. “Pour l’Argentine, c’est la meilleure chose qui puisse lui arriver, pas seulement sur le plan footballistique, mais bien plus pour le pays dans son ensemble. Si vous demandiez à n’importe quel Argentin ce qu’il souhaite le plus, il vous dira : gagner la Coupe du monde”, a encore noté l’agent immobilier. L’engouement pour la finale est tel que des agences de voyage ont reçu des dizaines de demandes d’Argentins prêts à débourser plus de 100 000 pesos (9 000 euros environ) pour se rendre au Maracana, selon le quotidien Clarin.