L’ArmĂ©e de LibĂ©ration Nationale : Aussi petit qu’est la souris elle n’est pas l’esclave de l’ElĂ©phant

L’ArmĂ©e de LibĂ©ration Nationale : Aussi petit qu’est la souris elle n’est pas l’esclave de l’ElĂ©phant

A Cherchell, le Douar de Sidi Semiane se trouvait Ă  mi-chemin des montagnes du Zaccar et de la mer. Il faisait partie de la Wilaya IV de la Zone II. Il est reliĂ© d’une route venant de Cherchell au Zaccar Miliana, jusqu’à la vallĂ©e du Chlef. AprĂšs la bataille de Sidi Mohand Aklouche, dans la circonscription de Cherchell, oĂč le commando de L’ALN sortit victorieux de ce grand accrochage contre l’armĂ©e française et particuliĂšrement contre le 29 bataillon de tirailleurs algĂ©riens installĂ© Ă  Fontaine du GĂ©nie (Hadjrat Ennos), le commando ALN restait toujours dans la rĂ©gion Ă  la recherche d’autres batailles.

D’aprĂšs le tĂ©moignage de Si Ould El-Hocine Mohamed Cherif ‘, la KatibaEl-Hamdania se trouvait encore une fois dans le douar Hayouna, et pour la deuxiĂšme fois, un agent de liaison leur rapportait une lettre du capitaine Si Slimane, dans laquelle il relatait que les soldats français faisaient des incursions frĂ©quentes au douar Nouari prĂšs de Sidi Semiane, ils martyrisaient les habitants et qu’il y avait lieu d’aller sur place pour mettre fin aux agissements humiliants et nĂ©fastes de cette horde sauvage de soldats français.

Il fallait une marche de plus de 3 heures pour arriver Ă  Sidi Semiane, et dans des conditions trĂšs difficiles, ils prirent le dĂ©part Ă  23 heures, pour y arriver Ă  3 heures du matin. Et lĂ , ils montĂšrent immĂ©diatement sur place un plan de combat: la section de moudjahidine de Sidi Kaddour prit position en face de Sidi Semiane Ă  cĂŽtĂ© de Djebel Lemri; quand deux autres sections s’étaient embusquĂ©es au bord de la route dans un bois situĂ© derriĂšre le douar Nouari.

Entre 4 et 5 heures du matin, le bruit et les ronflements des moteurs des vĂ©hicules leur parvenaient. Si Moussa, leur chef, passa d’un groupe Ă  l’autre pour leur dire de bien se camoufler et de faire attention, la journĂ©e s’annonçait trĂšs difficile. Les guetteurs avaient fait savoir qu’un convoi montait du littoral par l’oued Messelmoune, et un autre convoi par l’oued Sebt, ils venaient des villes de Cherchell, Sidi GhilĂšs (Novi), HadjretEnnos(Fontaine du GĂ©nie), Gouraya et Damous (Duplex), l’ennemi avait concentrĂ© ses forces pour faire un grand ratissage, il Ă©tait impossible de quitter leur position sans risque de se faire repĂ©rer, c’était trop tard, ils Ă©taient obligĂ©s de leur faire face. Le soleil se levait lorsqu’ils virent des soldats qui dĂ©bouchaient derriĂšre Djebel Lemri en courant pour prendre position devant la section de Sidi Kaddour.

Les soldats français venaient de Miliana, El-Khemis, AĂŻn DĂ©fia et des postes militaires environnants. Ils n’aperçurent pas la prĂ©sence de la section ALN qui se trouvait derriĂšre eux. Celle-ci commençait Ă  descendre vers eux.

L’encerclement se resserrait autour d’eux. La surprise Ă©tait grande, ils avaient Ă©tĂ© trahis, comme ce fut le cas dans la bataille de Sidi Mohand Aklouche. L’ennemi savait exactement leur emplacement, le mĂȘme traĂźtre, qui avait informĂ© le capitaine Si Slimane, avait donnĂ© l’information Ă  l’ennemi avec toutes les indications; le traĂźtre mouchard jouait un double jeu. Ils les avaient vendus, ils Ă©taient pris au piĂšge. Comprenant alors pourquoi Si Kaddour n’avait pas ordonnĂ© d’attaquer les soldats qui Ă©taient devant lui, il voyait que l’ennemi concentrait ses forces autour d’eux.

Heureusement que cette section n’était pas dans le plan tactique de l’état-major français, qui resserrait de plus en plus l’étau sur eux.

L’aviation survolait Sidi Semiane. A cĂŽtĂ© du douar, ils entendaient les chants des harkis, qui dansaient de joie, disant: «Vous ĂȘtes tombĂ©s dans notre souriciĂšre, rendez-vous bande de salopards, sales communistes!» Oui c’était vrai, ils Ă©taient bel et bien engouffrĂ©s dans une embuscade.

L’aviation commença le bombardement qui dura un peu plus d’une heure. Heureusement pour eux, il y avait de grands rochers Ă  l’intĂ©rieur de la forĂȘt, qui leur permettaient de s’abriter des tirs aĂ©riens. AprĂšs le dĂ©part de l’aviation, ils commencĂšrent Ă  bouger. Cherchant Ă  sortir de cet encerclement, ils suivirent leur chef pour tenter de sortir sur la droite, ce fut impossible.

L’ennemi avait installĂ© plusieurs piĂšces de mitrailleuses le long de la route ainsi que des milliers de soldats en position de combat, ayant l’air de dire: «avancez, venez, on vous attend». Le chef de la section ALN Ă©tudia la situation et se dit: «Si on engage le combat de ce cĂŽtĂ© et que nous arrivons Ă  passer, il y a l’oued qui est large et long, dont la traversĂ©e nĂ©cessite une heure de temps et sans oublier que nous serons Ă  dĂ©couvert, donc des cibles privilĂ©giĂ©es pour l’aviation. Sur l’autre flanc, des hĂ©licoptĂšres de type «Bananes» dĂ©posent leurs troupes, toute retraite est coupĂ©e pour nous de ce cĂŽtĂ© droit».

Si Moussa revint en arriĂšre, disant Ă  ses hommes de le suivre pour essayer de sortir du cĂŽtĂ© gauche, ce fut encore pire de ce cote-ci: les soldats occupaient tout un terrain plat et dĂ©couvert. Par les ordres du capitaine Si Moussa, la section ALN revint alors Ă  son point de dĂ©part, au milieu de la forĂȘt.

A suivre