Contactée, l’ancienne ministre de la Culture n’a pas nié les faits, estimant qu’il ne s’agit là que d’une “autorisation” qui n’implique pas un transfert d’argent.
L’ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, avait signé, il y a six ans, une autorisation de transfert de 17,56 millions de dollars pour un film qui finalement ne verra pas le jour. Le film, une superproduction algéro-américaine, devait porter sur une partie de la vie de l’Émir Abdelkader. Un producteur, un réalisateur et un acteur principal ont été désignés. Khalida Toumi a autorisé l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) à transférer la somme de 17,56 millions de dollars au profit de la société américaine Libre Studio, qui appartient à Philippe Diaz.
Dans une note datée du 12 novembre 2013, dont nous détenons une copie, l’ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, autorisait l’AARC à transférer cette somme “représentant la part du montant transférable due par l’AARC, au film L’Émir Abdelkader, coproduit avec une société et réalisé par Charles Burnett”. “Ce montant est destiné à la prise en charge de l’ensemble des opérations liées à la fabrication du film (préparation, tournage, postproduction) effectuées exclusivement à l’étranger, et ce, pour les besoins de la production exécutive du film L’Émir Abdelkader”, précise le document. Contactée, l’ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, n’a pas nié les faits. Elle a estimé qu’il ne s’agit là que d’une “autorisation” qui n’implique pas un transfert d’argent.
Cela fait partie des “prérogatives de la Banque d’Algérie”, a-t-elle rappelé, précisant que la réglementation lui donne le droit de donner “une autorisation à une entreprise” qui dépendait de son département. C’est le cas de l’Aarc. L’argent a-t-il été transféré ? Khalida Toumi n’en dira pas plus. Toujours est-il que six ans après, le film n’a jamais vu le jour. Le projet a été gelé par l’ancien ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, pour des raisons plutôt politiques. Le film devait être en effet produit par le célèbre réalisateur et producteur américain, Oliver Stone. Le rôle principal devait être interprété par l’acteur palestinien, Saleh Bakri. Le scénario, lui, était d’abord confié au réalisateur américain, Charles Burnett, avant d’associer l’anthropologue algérien, Zaïm Khenchelaoui, pour éviter des polémiques.
Alors que les médias évoquent un budget de 75 millions de dollars pour la réalisation de ce film (le chiffre n’a jamais été confirmé ni infirmé), le projet a subitement été gelé. Il aura fallu près de 3 ans, en 2017, pour que le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, annonce à l’APN que le projet était “gelé” à cause de “l’absence d’un scénario à la hauteur de la personnalité éminente de l’Émir et de financements”. Le ministre ne s’est jamais expliqué sur la destination des fonds déjà engagés pour le film. Ni lui ni son prédécesseur n’ont expliqué pourquoi ils ont engagé un budget et consacré une annonce en fanfare pour un film qui n’avait même pas de scénario.
Ali Boukhlef