L’autoroute Est-Ouest montre déjà ses limites

L’autoroute Est-Ouest montre déjà ses limites

L’autoroute Est-Ouest, le chef-d’œuvre de l’Etat qui a et qui continue de consommer un argent fou, est sur le point d’être achevée et opérationnelle à 100%, mais s’agit-il d’une infrastructure si importante dans le développement de différents secteurs, notamment le transport en Algérie ?

Certes, cette autoroute contribue incontestablement sur la fluidité de la circulation des véhicules et du gain de temps du transport, ce qui a influe positivement sur le développement dans plusieurs domaines, à savoir le transport de marchandises qui s’effectue actuellement en un temps record, le tourisme et les excursions à travers les wilayas d’Algérie qui deviennent de plus en plus faciles. Malheureusement, avec tous ces avantages de cette infrastructure routière, il semble que cette dernière a aussi ses inconvénients.

Concernant la région Ouest du pays, dans la wilaya d’Oran en particulier, la réalisation de cette autoroute a tué l’économie dans plusieurs communes, à savoir Oued Tlélat, Boutlélis et Misserghine. En effet, le détour des véhicules qui ne sont pas obligés de subir les conséquences d’une circulation étouffante en passant par des localités, a fait que le commerce au niveau de ces dernières a stagné.

Les commerçants à travers l’Union générale des commerçants et artisans d’Oran, demandent une urgente révision des taxes d’impôts qui sont restées telles quelles, malgré la situation, afin de les diminuer selon la perte considérable enregistrée dès la fin des travaux du tronçon de l’autoroute Est-Ouest à Oran.

Il faut signaler, toujours dans ce cadre, que les commerçants ne sont pas les seules victimes de cette infrastructure. Par contre, les habitants de la localité de Oued Tlélat, ceux qui doivent la visiter ou qui travaillent dans cette commune, trouvent un vrai problème pour y pénétrer, notamment en provenance de Sig par exemple ou de presque toutes les communes de la wilaya de Mascara.

En effet, les usagers souffrent pour avoir une place dans un quelconque moyen de transport et convaincre les chauffeurs et les receveurs de les transporter vers Oued Tlélat sans passer par l’autoroute.

«Oran ce n’est pas un problème, mais arriver à Oued Tlélat, c’est un vrai calvaire qui n’est pas causé par un manque de moyens de transport, mais bien par une mentalité appliquée par la majorité des transporteurs d’utiliser l’autoroute pour gagner un peu de temps, au lieu de s’amuser à passer par la route nationale numéro 4.

Parfois ils nous déposent au rond-point de Zaghloul, pour utiliser l’autoroute Est-Ouest, nous sommes obligés donc, d’aller vers Zahana pour avoir un transport vers Oued Tlélat, ce qui est vraiment fatigant et coûteux»,

a confié un citoyen.

«Mais existe-t-il une loi qui exige du transporteur de respecter la ligne mentionnée dans l’agrément ? Bien sûr il existe et tout ce détour semble être hors-la-loi, mais qui contrôle et qui assure le respect de ce genre de loi ?

Certains nous assurent que la circulation dans cette autoroute risque de devenir payante quand elle sera totalement opérationnelle.

C’est en ce moment que les transporteurs hésiteront à l’utiliser. En attendant cela, qui réglera le problème des centaines d’usagers et autres victimes de cette infrastructure ? La troisième catégorie des victimes est bien celle des chauffeurs de véhicules eux-mêmes.

Plusieurs d’entre eux ont été agressés par des bandes de malfaiteurs qui sèment la terreur depuis plusieurs mois, notamment aux environs de Relizane. Heureusement que la brigade de gendarmerie de cette wilaya était présente pour procéder à l’arrestation de ces malfrats qui venaient d’El Meïda.

L’insécurité qui règne au niveau de l’infrastructure se pose avec insistance comme étant un vrai problème caractérisant l’autoroute actuellement, puisque toutes les conditions favorisent l’insécurité. Premièrement, la géographie de cette autoroute qui est réalisée hors des tissus urbains, dans le désert, le manque d’éclairage, l’absence de patrouilles routinières de forces de l’ordre public.

Tout cela contribue, sans doute, à un environnement malsain pour une bonne circulation. Pour arriver au bout du problème, nous avons appris que le ministère des Travaux publics envisage une éventuelle convention avec le ministère de l’Intérieur, pour la mise en place d’hélicoptères de surveillance sur l’autoroute. Cependant, des spécialistes nous confirmeront qu’il s’agit d’une procédure défaillante, puisque la sécurité routière nécessite des moyens terrestres en premier lieu.

D’autre part, certes, cette autoroute a contribué à la diminution du nombre d’accidents de la circulation, malheureusement tous les accidents qui ont eu lieu sont mortels, notamment ceux enregistrés à l’intersection de Zaghloul où il est à rappeler que juste après son ouverture à la circulation cette année, 6 accidents ont eu lieu, ce qui a suscité l’intervention de la commission nationale de la protection routière qui s’est déplacée sur les lieux en compagnie des représentants de l’entreprise chinoise, afin de trouver les causes réelles derrière ces accidents.

Un autre problème se pose également. Tout au long de l’autoroute, on n’a pas réalisé une station d’essence. En effet, il faut faire le plein sinon il y a un fort risque de tomber en panne et avec l’insécurité qui règne, la situation devient de plus en plus alarmante. Enfin, si cette autoroute est construite pour être un pôle de développement trop important, notamment dans le secteur du transport, pourquoi tous ces inconvénients enregistrés ?

Pour faute d’étude ou simple négligence de la part de la tutelle qui, au lieu de permettre une exploitation réelle des services de cette infrastructure, a montré des proportions alarmantes dans le secteur du commerce dans plusieurs régions, dans le transport inter-wilaya et dans l’insécurité des usagers.

Pour donner un petit historique du projet, il est à signaler que les différentes études de développement et de transport ont toujours fait ressortir la nécessité économique de disposer progressivement de capacités supplémentaires d’accueil de 40 à 50.000 véhicules par jour entre Annaba et Tlemcen, avant l’horizon 2010.

Il est à signaler également, qu’environ 85 % des volumes d’échanges (marchandises + voyageurs) en Algérie, se font par la route. En considération des besoins importants de capacité, la meilleure solution, du point de vue économique, est d’offrir au trafic à moyenne et longue distances, une infrastructure nouvelle adaptée à ces besoins et garder au réseau existant sa fonction de desserte.

Le projet autoroutier d’une longueur de 1.216 km, assure la liaison entre Annaba et Tlemcen avec la desserte des principaux pôles en touchant directement 24 wilayas.

L’autoroute Est-Ouest participera aux liaisons Est-Ouest à l’intérieur d’une bande de 130 à 150 km au Nord du pays, incluant non seulement le littoral et la frange Nord, mais également le Nord de la zone des Hauts Plateaux. Elle s’inscrit dans le vaste projet de l’autoroute trans-maghrébine, devant couvrir une distance de près de 7.000 km.

De par sa dimension, l’autoroute Est-Ouest constitue un projet d’intérêt national, dont les effets bénéfiques sont multiples. Répondre à la demande de trafic, redynamiser l’activité du secteur BTP, créer environ 100.000 emplois en phase de travaux, réduire les coûts d’exploitation des véhicules, augmenter le gain de temps pour les usagers, augmenter la sécurité dans les transports, création d’un nouvel espace rentable et attractif pour l’investissement et donner un essor aux échanges inter-maghrébins.

Souad Berkeche et S. Anissa