Aouicha Bekhti est une avocate qui se bat depuis des années pour les droits des femmes en Algérie. Elle est membre fondatrice du Réseau contre la répression et pour les libertés démocratiques et la libération des détenus.
À la mi-mai (2023), a eu lieu à la capitale française, Paris, le Congrès national de « Femmes solidaires » qui réunit plusieurs associations de défense des droits des femmes et d’éducation laïque. La militante féministe algérienne figurait parmi les invités.
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« Moi, je choisis qui je veux défendre ! Je ne pourrais pas faire autrement ! Je ne pourrais pas défendre quelqu’un qui a du sang de nos sœurs sur les mains », avait lancé Aouicha Bekhti.
Aouicha Bekhti : « le Code de la famille, le code de l’infamie ! »
L’abrogation du code algérien de la famille fait partie des principales revendications du mouvement féministe en Algérie. Les militantes (et les militants aussi) l’ont d’ailleurs rebaptisé « le code de l’infamie ». Maître Aouicha Bekhti ne déroge pas à la règle. Dans un entretien qu’elle a accordé au média français TV5 Monde, elle en explique les raisons.
Tout d’abord, la journaliste la questionne sur la raison de l’appellation « code de l’infamie ». Voici ce que répond Me Aouicha Bekhti : « Dans ce code (celui de la famille, NDLR), on considère que la femme est mineure, car elle a besoin d’un tuteur pour se marier. » Elle ajoute : « Ce code autorise la polygamie », une pratique qui « doit être interdite », estime l’avocate.
Autre exemple, la question épineuse de l’héritage : « dans l’héritage, explique-t-elle, il est dit que la femme n’a droit qu’à la moitié de son frère. Pire encore, lorsqu’une femme n’a que des filles, ce sont les oncles et les cousins qui héritent. »
« Toutes ces absurdités font de ce code de la famille une aberration sur le fronton de la république, et surtout une grande injustice pour les femmes », conclut Aouicha Bekhti.
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Dans la suite de son propos, la militante féministe s’en prendra à l’école algérienne et à l’islamisme politique.
« Nous constatons, souligne-t-elle, une grande régression dans les mentalités depuis l’avènement de l’islamisme politique (…). Aujourd’hui, il y a des femmes qui acceptent la polygamie, tout comme l’inégalité dans l’héritage, car elles estiment que c’est Dieu qui l’a décidé. »
« L’enseignement a été pris en charge par une idéologie rétrograde. La haine envers la fille et la femme s’installe dès l’école », s’est indignée Aouicha Bekhti.